Initiative Développement entre les gouttes

L’ONG Initiative Développement s’inquiète du recul des aides publiques, notamment par l’administration Trump aux Etats-Unis. La structure poitevine fourmille de projets qui la mettent pour le moment à l’abri.

Arnault Varanne

Le7.info

Moins 83% aux Etats-Unis, -37% en France, -32% en Belgique, de 0,5 à 0,2 point de PIB en Angleterre... L’aide au développement recule partout dans le monde à des niveaux inquiétants, alors qu’elle devait culminer à 223Md€ en 2025. 
« Et comme les Etats-Unis représentent 40 à 45% du montant global, on voit tout de suite le cataclysme. C’est une bombe à retardement, déplore Michaël Gozlan. Même si nous ne sommes pas directement financés par Usaid, les conséquences vont se faire sentir dans les années à venir. Cette décision aura tué des millions de personnes. Des centres de santé avec lesquels nous travaillons en Haïti ne sont plus financés par exemple. »

Le responsable de la communication d’Initiative Développement estime la situation « critique », 
même si l’ONG poitevine 
(170 salariés dont 20 à Poitiers, 6M€ de budget) n’est pas concernée par les coupes sombres. Du moins pour l’instant sachant que 85% de ses subsides proviennent de l’Agence française de développement (AFD), le reste étant abondé par les collectivités locales (Poitiers, Grand Poitiers, Région), des mécènes et donateurs. Dans ce contexte si particulier, la plus grosse ONG de Nouvelle-Aquitaine poursuit ses activités dans neuf pays (France, Tchad, Sénégal, Bénin, Haïti, Congo, Gabon, Madagascar, Comores), non pas sur de l’aide d’urgence mais sur des enjeux plus sociétaux. Comme la convention programme Actif qui vise à « impliquer les femmes et les jeunes dans les décisions publiques, un dispositif de citoyenneté active », 
détaille Alexandra Besnard, chargée de communication.

« Un outil d’influence 
et de soft power »

« ID », qui a fêté ses 30 ans l’année dernière, fourmille de projets autour des réponses aux défis sociaux, environnementaux et économiques auxquels sont confrontés les habitants des pays concernés. Reconnue pour son expertise sur la santé materno-infantile en Haïti, la structure intervient sur la zone Comores-Madagascar auprès des acteurs de la filière ylang-ylang et girofle. Ces deux productions à forte valeur ajoutée « ne rémunèrent pas les cueilleurs et cueilleuses à hauteur de leur travail, illustre Michaël Gozlan. On fait en sorte qu’ils puissent discuter avec les distillateurs et les revendeurs pour obtenir la part qu’ils méritent ». 


Ce travail au long cours « impacte » en direct « 500 000 personnes par an, 4 à 5 millions avec les bénéficiaires indirects ». 
Un savoir-faire qu’Initiative Développement veut désormais faire savoir au grand public pour contrecarrer les attaques venues de l’extrême droite, la dernière en date signée de l’eurodéputée Reconquête Sarah Knafo sur la nature des projets financés par l’AFD. « Mi-2026, nous lancerons avec d’autres ONG une campagne de communication à grande échelle. » Ce sera un an avant l’élection présidentielle. 
« Il faut voir que l’aide au développement est un outil d’influence et de soft power », insiste Michaël Gozlan. « ID » tentera de faire passer le message aux plus jeunes à l’occasion d’une conférence organisée le 
2 juillet à l’Espace Mendès-France, à Poitiers.

DR Initiative Développement

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