Se jeter à l’eau avec vous

Le Regard de la semaine est signé Bérenger Briteau.

Quand Arnault Varanne m’a appelé pour me proposer d’écrire 7 billets pour Le 7, il m’a dit : « Tu as carte blanche, regard sur la société, anecdotes, poésie… ». Intérieurement, un petit rire nerveux s’est immédiatement déclenché : poésie ? Allez, j’ose ! Il est 18h, je suis sur une plage de la Côte sauvage…

Contemplant cet océan de vie, cette immensité absolue et mouvante, je le vois, là, le surfeur du vivant. Immobile, à l’affût, tous ses sens en éveil. Intensément présent, à l’écoute de cette onde de silence sur laquelle se dépose la musique des vagues. En adorateur de la terre, de l’océan, du soleil et du vent, il n’est pas crucifié sur sa planche de simplicité. Il est… vivant, vibrant, libre et aimant. La création… et ses vagues qu’il chérit tant. En apparence immobile… Il est… puissamment actif. Se tenant en silence afin d’entendre mieux. Afin de ressentir, intensément, la sensuelle ondulation de sa bien-aimée. Il est en harmonie… S’abandonnant à son intuition, à son corps, à son rapport intime à l’océan. Il se réajuste constamment, imperceptiblement. C’est alors que la magie se produit. Il est… au bon endroit, au bon moment.

Et cette force de vie le porte, l’élève, le guide. Les dernières traces de pensée s’évaporent et ce qui était une vague présence devient une certitude absolue. Et la présence s’intensifie en-corps. Et la mer se creuse pour le prendre en son sein. Dans la chair de sa chair. Une danse cellulaire célèbre le rappelle… Particules de joie de retour à la source. Dilatation de l’espace et du temps sur cette vague éphémère. Reconnexion à l’unité dans le silence de l’intensité. Et dans cet instant d’éternité, arrive l’heure de se séparer. La vague doit passer, offrant sa mort à la plage où je suis. Eclaboussant le monde de millions de gouttes de splendeur…

Fougueuse embrassade. Puis communion langoureusement étincelante, fusion d’éclats d’étoiles et de fin sel marin… Dernière union mystique de l’or et de l’argent. Dissolution… Silence... Ephémère éternelle jouant avec ses formes, la vague renaîtra pour s’âme-user En-Corps et encore avec l’humanité. A présent, l’homme est seul, se séparer… Mais comment faire autrement que de se diviser pour pouvoir se goûter ?
Et comment faire autrement que de goûter à l’éphémère pour percevoir l’éternité ? La vague est passée… laissant l’homme tout groggy de ces spasmes de félicité… Gratitude infinie émanant de son être. L’énergie, comme purifiée, se remet à circuler, à se densifier, à souffler, de nouveau, sur les braises de l’ardent désir du retour à l’unité. Sa flamme est ravisée. Sa passion flamboyante. Son regard aimanté par la moindre ondulation de ce nouvel horizon. Il est… dans une jeunesse sans âge, dans l’amour d’une première rencontre, dans l’intensité de ce moment où tout peut basculer. Il est… tendu tout entier vers un nouveau mystère. Le regard étincelant, tel une pointe de diamant prête à se lover au cœur de sa bien-aimée...

CV express
Un driver : l’aventure humaine. Passionné des mécanismes de dynamique collective, auteur du livre Equipes gagnantes. Ancien entraineur pro de volley-ball, consultant-coach en management. A passé trois ans immobilisé dans un lit : une autre sorte d’aventure humaine en intimité profonde avec soi-même et la douleur… Aime accompagner les phases de transformation de l’être humain.

J’aime : la nature humaine, que je trouve profondément belle, les échanges de points de vue, la solitude, les moments avec mes filles. 

Je n’aime pas : la dynamique collective de notre société, l’oubli de l’Histoire, constater que nos connaissances en sciences sociales sont majoritairement mises au service d’une société de consommation.