Poitiers - A la Caserne, 
rien ne se perd...

A Poitiers, le chantier de transformation de l’ancienne caserne de pompiers de Pont-Achard en tiers-lieu est pilote en matière de réemploi des matériaux et d’isolation. Livraison prévue fin 2025.

Arnault Varanne

Le7.info

Depuis le boulevard de Pont-Achard, les passants ont une vue imprenable sur l’immense façade de la caserne. Ou plutôt la Caserne avec des majuscules, nouveau nom de scène du paquebot de 4 750m2(*) après des décennies dévolues aux services d’incendie et de secours. Du bas, on aperçoit donc la façade béton se parer progressivement de blocs isolants -équipés de bardage et menuiseries- remplis de paille hachée. Une collaboration locale entre l’entreprise Merlot (Châtellerault) et la coopérative Ielo (Bonneuil-Matours). « Ce matériau réduit les transmissions de chaleur et stocke jusqu’à deux tonnes de carbone au lieu d’en libérer seize pour de la laine de verre. Par rapport à un isolant classique, la paille assure un bon confort l’hiver mais aussi l’été », 
indique Brice Kester, architecte du cabinet Duclos. Les panneaux sont préassemblés en atelier et transportés ensuite sur le chantier avant d’être mis en œuvre à l’aide d’une grue. Cela représente 29 tonnes de paille réparties sur 1 200m2. 


« C’est un beau 
terrain de jeu ! »

Ce n’est pas la seule originalité de ce chantier à 11M€ qui doit s’achever fin 2025-début 2026. Ainsi, près de 400 tonnes de matériaux vont être réutilisés. Huisseries, radiateurs, escaliers, sanitaires... Les pièces de ce puzzle géant sont stockées dans le gymnase de la caserne, dans l’attente de bénéficier d’une seconde vie. « C’est un beau terrain de jeu !, plaisante Agathe Bély, architecte et gérante de La Mécanique des Ruines (Angoulême), chargée du réemploi. Par exemple, quatre escaliers ont été déposés et toutes les pièces numérotées. On a pris toutes les cotes et via un logiciel spécifique, on redessine tout. Certains éléments seront utilisés dans la borne d’accueil et le restaurant. » 


La démarche d’écologie industrielle et territoriale va jusqu’à nouer des liens avec des PME telles que Gyrax, fabricant de matériels agricoles. Ainsi des chutes de plaque métalliques découpées au laser vont-elles terminer leur vie sur les façades de La Caserne, support aux futures plantes grimpantes. Même logique de circuit court pour du bardage fibrociment en provenance de l’entreprise Ciba-Ouary, près de Nantes, ou encore pour un millier de traverses de la SNCF « importées » de Bordeaux. Les blocs en béton serviront à tapisser le sol de la cour intérieure et du parvis, de façon à laisser s’infiltrer l’eau. 
« L’économie circulaire jusqu’au bout », se félicitent les élus et le maître-d’œuvre. 


(*)Le tiers-lieu sera constitué de différents pôles : des ateliers 
(1 000m2) dédiés aux acteurs des 
« filières écologiques et créatives », 
un espace d’hébergement 
(2 130m2) solidaire pour les familles, jeunes et touristes, un pôle tertiaire (900m2) destiné aux entreprises de l’ESS et « dans une logique de transition écologique », 
ainsi qu’un bar-restaurant. La Caserne a décroché il y a quelques semaines le label bas carbone.

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