
Aujourd'hui
Caparaçonné de pied en cape, Matthew Bleusse en impose. Il faudrait être bien téméraire pour le provoquer en duel… sauf à faire partie des Lames du Foyer. Basée comme son nom l’indique au Foyer du Porteau, à Poitiers, l’association rassemble des passionnés d’arts martiaux historiques européens (AMHE) et de combats vikings. A ne pas confondre ! « Pour les premiers il existe des traités, pour les seconds les sources sont essentiellement archéologiques », précise Matthew, qui n’est autre que le président de l’association. Lui est adepte des AMHE et c’est avec délectation que le jeune homme de 26 ans se plonge dans les traités du maître escrimeur allemand Johannes Lichtenauer et du maître d’armes italien Fiore Dei Liberi, LES références en la matière avec le Manuel 1.33 des Armureries royales, le plus ancien manuel de combats armés connu (XIIe siècle). Mais la bibliothèque du forgeron et ferronnier d’art comprend aussi The art of combat - A German Martial Arts Treatise of 1570, de Joachim Meyer, The Art of Swordmanship d’Hans Lecküchner ou encore Fechtbuch Fabian, de Martin Fabian, dans lesquels il pioche volontiers de quoi affiner ses techniques et gestes. Les sources germaniques ont sa préférence. « Je trouve qu’elles sont plus claires en ce qui concerne le maniement de l’épée longue », justifie celui qui s’applique à lire entre les lignes et dans les gravures des subtilités invisibles aux yeux d’un néophyte.
Avant de se passionner pour les AMHE, Matthew a mis un premier pied dans le Moyen Âge à travers la reconstitution historique, qu’il a pratiquée en famille et en troupe pendant plusieurs années dans sa Bretagne natale. « On jouait aux chevaliers, à se taper avec des épées », s’amuse-t-il. De fil en aiguille, il s’est mis à étudier les AMHE, « tout seul dans [son] coin, en plein milieu de la Bourgogne », et n’a depuis jamais cessé. « Il existe beaucoup d’armes et des pratiques très différentes », explique-t-il. Sa collection personnelle compte déjà une petite douzaine de feders, messers et autres sabres.
En dehors des entraînements, trois fois par semaine, le calendrier des combattants des Lames du Foyer est émaillé de tournois à La Rochelle, Fontainebleau, Clermont-Ferrand, Paris, Nantes, Rennes… « On peut en faire une dizaine par an, note Matthew. C’est l’occasion de faire de beaux combats et de s’amuser. En dehors des stages, c’est un moment où l’on peut taper sur d’autres gens. » Sous la longue barbe, le sourire affleure.
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