
Aujourd'hui
« Je suis père d’une enfant pas comme les autres. » C’est par ces mots que Lino Ventura, devant des millions de téléspectateurs, a dévoilé pour la première fois une part intime de sa vie en 1965. De cette prise de parole est née, un an plus tard, l’association Perce-Neige, devenue fondation en 2018. Près de soixante ans plus tard, elle reste fidèle à sa vocation : offrir un cadre de vie digne, chaleureux et adapté aux personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, la fondation représente 1 899 professionnels, 1 350 résidents et 52 maisons. La dernière n'est autre que la résidence de l’association Les Compagnons de Camille, créée il y a dix ans. Père d’un adulte autiste, Marc Benhamou voulait le mieux pour son fils et pour d’autres lors en ouvrant cettre structure dans le centre-ville de Poitiers. « Je ne suis plus tout jeune. Il fallait penser à l’avenir de l’association et du lieu », confie cet ancien chef d’entreprise, propriétaire d’un hôtel particulier entièrement rénové. Lieu de vie de trois résidents, la maison d’exception tranche avec les établissements souvent relégués en périphérie : mobilier design, tableaux contemporains... « Pourquoi des autistes n’auraient-ils pas droit au confort et au beau ? », interroge Christophe Lasserre-Ventura, président de la fondation et « petit-fils de ». Autre atout : la proximité avec les écoles du quartier. « Je n’aime pas le terme d’intégration, qui suppose qu’ils sont hors de notre société. Je parle plutôt de non-exclusion », souligne-t-il. Une manière d’ancrer les résidents dans la vie du quartier.
L’autisme, Marc Benhamou et Christophe Lasserre-Ventura le connaissent intimement. Tous deux insistent sur l’importance des repères, des rituels et, surtout, de l’accompagnement individualisé. C’est l’ADN même de Perce-Neige : un encadrant dédié pour chaque résident. « Lorsqu’il y a un nouvel interlocuteur, l’autiste le teste, parfois même physiquement, pour savoir s'il est digne de confiance, explique Marc. Cette relation, une fois nouée, est irremplaçable. Je le vois avec mon fils, ils ont besoin de confiance. » Jean-Jacques, éducateur au sein de l’association, approuve. « Pour nous, c’est essentiel de travailler dans le temps avec le même résident. Il faut s’apprivoiser et ce n’est pas chose aisée » Car aucun trouble n’est identique, aucun parcours semblable. Ce lien, cette confiance se construisent au fil du temps. Ici, les patients vivent jusqu’à la fin de leur vie. Marc Benhamou en a fait la promesse aux familles et ne souhaite pas en accueillir davantage pour garantir la qualité de ce lieu avec « un petit truc en plus ».
À lire aussi ...
Aujourd'hui