La Grand’Goule  s’invite à l’école

Avec la complicité d’intervenants en théâtre, musique, dessin et radio, l’ensemble Ars Nova a poursuivi cette année son projet d’éducation artistique au sein de l’école Paul-Blet, qui accueille des enfants entendants et sourds.

Claire Brugier

Le7.info

« Vous pouvez tout exagérer, il ne faut pas hésiter à en faire plus ! » Ce matin-là, les acteurs qui s’égaillent devant la metteuse en scène et comédienne Eléonore Dupraz ont moins de 10 ans. Sous les arbres de la cour de l’école Paul-Blet, à Poitiers, ils répètent, avant sa captation vidéo, la saynète qu’ils ont travaillée dans le cadre du projet Grand’Goule & Cie, porté par l’ensemble Ars Nova. Un peu plus loin et dans les étages de l’école, d’autres élèves de CE1 et CE2 ont choisi le dessin, la musique ou la radio pour illustrer un thème commun : les monstres fantastiques, à partir de la légende de la Grand’Goule.

Après s’être installée durant deux étés dans les maisons de quartier, MJC et centres de loisirs (La Grand’Goule en vadrouille), la « bonne vermine » poitevine a jeté son dévolu sur l’école Paul-Blet, qui a la particularité d’être bilingue français et langue des signes française (LSF). Sous le nom de « La Grand’Goule à l’école » l’an dernier, puis de « La Grand’Goule & Cie » cette année, le projet se déploie sur cinq ou six journées, et donne lieu à une restitution radiophonique -et audiovisuelle- réalisée par le média Quartier Libre. « C’est un projet inclusif, participatif et pluridisciplinaire, décrit Charlotte Le Sourd, directrice administrative d’Ars Nova. Chaque enfant a sa spécialité et un rôle. Il est partie prenante du tout. »

Prolongement pédagogique

Six journées, c’est peu et c’est beaucoup à la fois. « Il y a de nombreux paramètres à penser pour que les enfants entendants et sourds éprouvent le même intérêt, pour que ce ne soit pas à deux vitesses, note Stéfanie Molter, coordinatrice de projet d’Ars Nova, par ailleurs intervenante en dessin. La musique et la radio ne sont pas les plus accessibles, il faut donc trouver des astuces, surtout pour faire tomber le frein psychologique. Les enfants sourds se disent que ce n’est pas pour eux, la musique surtout. On voit avec les instrumentistes (ndlr, Catherine Jacquet et Isabelle Veyrier, violoniste et violoncelliste de l’ensemble Ars Nova) pour jouer sur le toucher, le vibratoire, et proposer à chaque enfant une approche sur mesure. »


Entre chaque atelier, La Grand’Goule & Cie s’invite en classe, « en arts plastiques, en sciences du vivant… », détaille Laëtitia Parot, une enseignante. Avec à la clef une visite au musée ou dans le laboratoire du lycée 
Camille-Guérin. « Ce projet nous permet aussi de toucher des domaines qu’on n’a pas l’habitude de toucher en classe, comme la radio, un média que les enfants ne connaissent 
pas. » Une première version de La Grand’Goule et Cie, agrémentée de travaux des élèves de CP, a été présentée aux parents la semaine dernière, une autre sera produite à l’automne, le temps d’ajouter incrustations et traductions. « Dans les deux sens la traduction, précise Stéfanie Molter, en français, en LSF et aussi dans une langue inventée utilisée par un être si petit qu’on ne l’entend pas. Car il y a plein de raisons pour lesquelles une traduction peut être nécessaire. »

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