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« Poitiers, c’est la maison, je me sens chez moi ! » A l’heure d’entamer sa troisième semaine de résidence à la Villa Bloch, Arthur Beaupère savoure la vue sur la ville… et le chant des oiseaux. « J’ai même téléchargé l’appli Merlin qui permet de les identifier », s’amuse-t-il, pointant un effet de son amicale co-location avec Maria José Suarez. Avec l’aide de la jeune artiste chilienne, l’acteur et réalisateur a apprivoisé la quiétude bucolique de la Villa Bloch. Pas si évident que ça pour un enfant de Belleville. « Je suis un vrai Parisien, un gars du bitume ! », lâche-t-il pour sa défense. En 2022, il n’avait pas pu accompagner son court-métrage Dans tes yeux morts au Poitiers Film Festival. Mais en décembre dernier, lors d’un atelier Jump In, il a mis un premier pied dans la ville, des liens se sont noués avec l’équipe du festival, il a rencontré Sandra Beucher de la Villa Bloch… Et de fil en aiguille, il s’y est installé début juin pour quatre semaines, après avoir décroché l’aide à l’écriture du Centre national du cinéma. « Quand j’ai fait ma demande, mon frigo était vide, mon ordi cassé, c’était une période très dure… »
Assis dans le jardin de la villa, le jeune homme de 34 ans jette un regard dans le rétro, vers ses années collège empoisonnées par le cannabis, l’alcool, la violence… - « il fallait appartenir à un groupe, c’était très animal » -, « le mépris de classe" ressenti dans un lycée du Marais et un BTS communication dissout dans une dépression. « Mais j’ai appris à télécharger des films illégalement, positive Arthur. Le Top 250 des films spectateurs et le Top 250 des films presse. Ce qui m’a sauvé, c’est le cinéma ! Toutes les nuit j’avalais des films, c’était une fuite. » Et puis un jour, l’acteur et scénariste Sami Zitouni lui parle de l’Atelier Blanche Salant. « Il m’a dit que Vincent Cassel était passé par là. Je venais de voir La Haine… »
« Toujours second choix »
Arthur a commencé « en dilettante », puis il a couru les castings, pris « des cours de chant, de danse des cinq rythmes, de claquettes, de ukulélé… Mais ça ne me servait à rien car je finissais toujours second choix. C’est difficile de dépendre du désir d’un autre ». Alors il est entré à la Femis avec son ami Lawrence Valin, lequel l’a convié à co-scénariser son premier long-métrage, Little Jaffna, sorti en avril. A son tour désormais ! « On dit souvent que le premier film est le plus personnel. J’ai vraiment envie d’envoyer mon bijou, qu’il bouleverse les gens. » Le thème ? « Mon père a été un modèle très toxique. Et poétique. Le sujet de mes films, c’est lui, la masculinité, les blessures que l’on se transmet de père en fils -et certainement de mère en fille-, comment on peut rompre le cycle… Personnellement j’ai renoncé à guérir mais il est possible de grandir. »
Pour ce premier long-métrage, Arthur a imaginé une histoire de cavale d’un père et son fils de 13 ans, une autofiction intime et universelle, « mélange de Mummy, de Xavier Dolan, de The Florida Project de Sean Baker et un peu aussi d’Aftersun de Charlotte Wells pour le côté mémoriel ». Il y incarnera Jo, simplement parce que « je ne me voyais pas confier le rôle de mon père à quiconque ». La route est encore longue avant le tournage, qu’il espère à l’été 2027, idéalement du côté de la Loire. Une chose est sûre : il y aura un peu de Poitiers dans ces Rois sans couronne.
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