Entreprise : les femmes au pouvoir

Directrice générale du groupe de prêt-à-porter Carmel(1), Isabelle Guillerm-Lassale est aussi présidente de la section Poitiers-Châtellerault du Centre des jeunes dirigeants (CJD). Comme cinq autres femmes dans l’ancienne région. Tout sauf un hasard.

Arnault Varanne

Le7.info

A peine un quart des entreprises françaises sont dirigées par des femmes en France(2). Existe-t-il encore un plafond de verre ?
« A titre personnel, je ne me suis jamais posé la question, cela n’a jamais été un sujet. J’ai participé à un débat le 8 mars dernier, et ce qui ressort beaucoup dans les témoignages, ce sont les postures archaïques de certains hommes et les freins que se mettent elles-mêmes beaucoup de femmes. Il faut aller au-delà des croyances limitantes. »

Vous-même n’êtes pas née dans une famille de dirigeants...
« Mon père était dans la Marine nationale et ma mère nous a élevés. Le fait d’entreprendre n’était pas un sujet, dans les deux sens d’ailleurs. J’ai travaillé comme chargée de marketing à la Fnac et chez Sephora, où il y avait beaucoup de mixité, un peu plus de femmes chez Sephora. Ici (le groupe Carmel compte 70 collaborateurs, ndlr), je n’ai jamais eu l’impression d’être illégitime. Ou alors peut-être une fois, où un cadre plus âgé m’avait dit : « Je vais te tutoyer car tu pourrais être ma fille ». Mais au final, on a très bien travaillé ensemble, dans le respect, jusqu’à son départ en retraite. Et lorsque je vais voir le banquier, je n’ai pas l’impression qu’il porte un regard différent sur moi que celui qu’il porte sur mon mari (Charles, directeur général du groupe Carmel, ndlr). »

Vous présidez la section Poitiers-Châtellerault du Centre des jeunes dirigeants depuis le 1er juillet. Et les cinq autres sections sont aussi dirigées par des femmes. Un hasard ?
« J’aime à penser que non parce que je me dis que nous ne sommes pas arrivées là par hasard. Mais on a sans doute montré qu’on pouvait nous faire confiance. La particularité, au CJD, c’est que l’élection se déroule sans candidat, jusqu’à ce que trois noms émergent et présentent quelques éléments de leur vision. Cela montre aussi la modernité de notre mouvement qui est innovant depuis sa création. Il existe une culture d'ouverture qui n'est pas propre à toutes les organisations d'entrepreneurs. A la section de Poitiers-Châtellerault, nous ne sommes pourtant que 30% d’adhérentes... »

En politique, les femmes accèdent de plus en plus aux postes à responsabilité. Faut-il légiférer pour que ce soit le cas aussi dans le monde économique ?
« On est 50% de femmes sur cette planète donc il me paraît naturel que les choses se fassent d’elles-mêmes. Au sein du groupe, avec les managers et les ressources humaines, on s’efforce de ne pas recruter sur les genres mais en fonction des compétences. Mais je sais aussi, avec le temps, que c’est peut-être bien de forcer un peu le destin car des personnes n’osent pas. »

(1)Le groupe Carmel compte dix boutiques de prêt-à-porter à Poitiers, Limoges, Chartres et Orléans, emploie 70 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires de 12M€.
(2)Selon l’Observatoire Skema de la féminisation, étude réalisée en 2023. Seules 4 femmes dirigent par ailleurs des entreprises du CAC 40.

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