Faux départ et vraie déception

Face à une équipe du Mans injouable en première mi-temps, le PB a subi sa première défaite de la saison à Saint-Eloi (82-88). Le maintien attendra un peu. Et pourtant, il n’a pas manqué grand-chose à Poitiers pour réaliser le hold-up de l’année.

Arnault Varanne

Le7.info

Et un joker grillé, un ! Après sa victoire sur le fil à Chalon, le PB avait les cartes en main au moment d’aborder le premier des deux derbies de l’Ouest que le calendrier de Pro A lui impose en cette fin de championnat incertaine. Une victoire sur Le Mans et le spectre de la relégation s’évanouissait définitivement. Patatras… Les troupes du général Nelhomme ont mordu la poussière au terme d’un combat acharné, mais rendu trop déséquilibré par la faute d’un démarrage poussif.

Catastrophique ? Le qualificatif colle encore mieux à la physionomie de ce premier acte cauchemardesque. Pensez donc, au bout de deux minutes, le Mans Sarthe Basket du duo Acker-Batista menait 11-0. Pire, à la pause, l’ailier US (24pts) et le pivot brésilien (16pts, 8rbds) avaient déjà réalisé un tel chantier dans la défense pictave qu’on voyait mal comment les soldats du 86 allaient s’en relever. D’autant que, dès qu’un début de mutinerie se faisait jour -tir à trois points de Wright pour revenir à 34-46, 19e-, les bourreaux de la Sarthe réduisaient Saint-Eloi au silence. La preuve avec ce panier primé de Diot, avec la faute svp, et un nouveau grand écart en bout de course. 

Une fin ardente et stressante

Dans ces circonstances très défavorables, beaucoup d’équipes auraient lâché prise, écœurées par la maestria du meneur de jeu de l’équipe de France (16pts, 7pds, 6rbds) ou la réussite de ses acolytes étrangers. Seulement voilà, Poitiers se mue, depuis une paire d’années maintenant, en empêcheur de tourner en rond des belles mécaniques. Alors, à force d’agressivité, avec un zeste de réussite supplémentaire (52% à 3pts) et un soupçon d’enthousiasme, Antonio Grant et ses ouailles revinrent, l’air de rien, dans le coup pour la gagne. De moins dix-sept, l’addition atteignit seulement dix points à l’entame du money-time (60-70, 30e).

Grâce à un panier bonifié (contre-attaque + faute), Evan Fournier se paya même le luxe de ranimer la flamme poitevine (63-70, 31e). Sans pour autant que Saint-Eloi ne s’embrase suffisamment. La faute à ce diable de Diot, parfait dans le rôle de l’assassin silencieux. Toujours là à provoquer des fautes et adresser des caviars aux autres.La fin ? Elle fut ardente et stressante. Car Wright (23pts, 6/7 à 3pts) tenta un ultime rapproché (82-85, 37 secondes à jouer) qu’Ona Embo ne parvint hélas pas à concrétiser, son lay-up à dix-neuf secondes du terme, sur contre-attaque, filant dans les mains de Batista. Sûr qu'à moins deux, le scénario aurait été différent. Mais on ne refait pas l'histoire Le PB regrettera sans doute longtemps son apathie initiale, sa gabegie aux lancers francs (21/30), sa précipitation (17 balles perdues) dans les moments chauds ou encore... quelques décisions arbitrales. Après, ce MSB-là a affiché un visage tellement séduisant que la déception de ce premier revers à Saint-Eloi doit être atténuée. Le maintien attendra. Et si Poitiers se payait le luxe de l'obtenir sur le parquet de la Meilleraie, dès mardi ? 

Photos François Piertzack

La fiche technique
À Poitiers (Saint-Eloi), Le Mans bat Poitiers (88-82). Mi-temps : 53-36. Arbitrage de MM. Mateus, Guedin et Machabert. 2 300 spectateurs environ.
La marque
PB86 : Wright (23), Fournier (14), Guillard (12), Grant (10), Ona Embo (6), Badiane (6), Gunn (5), Younger (2), Devéhat (2), Gomez (2). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
Le Mans : Acker (33), Batista (19), Diot (16), Dewar (7), Rupert (6), Pellin (3), Lewin (2), Lombahe-Kahudi (2), puis Kahudi, Drouault. Entraîneur : JD Jackson.

Ils ont dit…

Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : «On part de loin… L’équipe du Mans a été très agressive en début de match. Nous n’avons pas su nous rassurer avec les deux-trois premiers ballons. Par la suite, on a manqué un peu d’agressivité. Lorsqu’on part avec un tel handicap face à une équipe en confiance, c’est difficile de revenir. On n’a rien lâché comme d’habitude, malheureusement on part de trop de loin. En deuxième mi-temps, nous avons été mieux défensivement en perdant un peu trop de ballons. C’est dommage car nous avons fait les efforts pour revenir. On avait envie de bien faire. On reste dans la course avec tout le monde, cela va être serré jusqu’au bout.»

Pierre-Yves Guillard (intérieur du PB 86) : «Ce n’est pas évident de commencer le match de cette manière. Tu cravaches et tu finis derrière, voilà… Y’a pas photo ! On ne peut pas se permettre de démarrer de cette manière. Après ce premier quart-temps, on fait plus que jeu égal avec eux. Maintenant, Acker nous a fait mal et Batista a été présent. (…) On reste dans une bonne situation au classement. On va essayer de faire comme Nancy hier (Ndlr : vendredi), c’est-à-dire gagner à la Meilleraie.»

Cédric Gomez (meneur du PB 86) : «Nous n’avons pas été assez durs et concentrés dans ce début de match. On savait qu’Acker était un shooteur et il a été mis en confiance par ses deux premiers tirs. C’est très serré en bas du classement, nous sommes plusieurs équipes à onze victoires et ce sera serré jusqu’au bout. On n’a jamais pensé aux play-offs. Notre objectif dans ce championnat, c’est le maintien.»

JD Jackson (entraîneur du Mans) : «Honnêtement, le feu que Poitiers a mis en deuxième mi-temps a été extraordinaire et nous avons fait preuve de beaucoup de sang-froid. On est restés lucides, on a provoqué des fautes et on gagne ce match sur les lancers francs. Cette équipe de Poitiers a beaucoup de mérite. De mon côté, je tire souvent sur mes cadres qui sont importants pour nous. Mais, ce soir, Alex Acker, Antoine Diot et JP Batista ont fait preuve de beaucoup d’efficacité. Ils nous ont portés vers cette victoire. C’est très rassurant pour la suite, même si nous devons confirmer dès mardi.»

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