Joubert en ordre de bataille

Rassuré, fin décembre par l’obtention d’un huitième titre de champion de France, Brian Joubert abordera les championnats d‘Europe de Sheffield (26 et 28 janvier) avec l’ambition suprême d’accrocher une quatrième médaille d’or continentale à son palmarès.

Nicolas Boursier

Le7.info

Ce soir comme tant  d‘autres, l’entraînement se prolonge dans les coulisses de la patinoire municipale. Entre deux étirements, Brian Joubert se soumet de bonne grâce à l’interview timide d’une jeune patineuse admirative. « Vous êtes prêt pour les championnats du monde ? » « Non, je n’y pense pas encore. » « Et les Jeux Olympiques ? » « Oh là là, je ne sais même pas si je les disputerai. »

L’entretien tourne court. Mais la gamine est aux anges. La  « star », elle, continue de sourire. Le gamin réservé d’autrefois, parfois difficile d’accès, a définitivement tombé le masque. « J’ai changé, c’est vrai », confie-t-il sans fard.
Celui qui s’avoue « plus à l’écoute, plus calme et moins rebelle » s’avère aussi plus disponible et ouvert. Et c’est tellement appréciable de le voir ainsi.

A 27 ans, le champion poitevin semble aussi à l’aise dans ses baskets que sur ses patins.  « Si je suis encore sur la glace, à multiplier les heures d’entraînement, c’est que le plaisir est toujours là. Dans ma carrière, j’ai connu des périodes de doute, mais l’envie de repartir a toujours été plus forte. » Au soir de sa carrière amateur, Joubert butine à l’envi. « Je sais que je suis plus proche de la fin que du début, alors je me lâche, en goûtant chaque ins-tant.  Et ça fait du bien. »

Un « court » à peaufiner

Au seuil de la confidence, le champion du monde 2007 n’est pas avare. Il devance même les questions. « Si tu es là, c’est pour me parler des championnats d’Europe, non ? » Bah pardi ! « Eh bien, écris-le : j’y vais pour gagner ! » Pourquoi ne pas le croire ? Après tout, Joubert n’a jamais failli à ses idylles continentales. Depuis 2003, aucun podium ne lui a échappé. Quatre médailles de bronze, trois d’argent et trois d’or : c’est tout simplement énorme. Enorme, comme son retour de l’année passée dans le programme long, après un « short » catastrophique.  « J’étais content que le titre aille à Florent (ndlr : Amodio), mais échouer si près de l’or, après avoir totalement raté mon entrée en matière, m’a laissé beaucoup de déception. »

Il en est ainsi. Depuis quelques saisons, le programme court est le talon d’Achille de Brian Joubert. Cette fois-ci, il ne veut pas se louper. « Véronique et moi l’avons beaucoup travaillé, en insistant sur les pirouettes et les petits pas. Je dois imposer mon programme et ne pas le subir. Si je suis bien placé le jeudi, tous les espoirs seront permis. » Surtout si, comme il l’espère, ses petits couacs des dernières semaines sur le deuxième quadruple boucle piqué sont gommés à temps. « Je m’y attelle, je m’y attelle. » A deux mois des mondiaux de Nice -« où je viserai plus raisonnablement le podium »-, Brian Joubert entend marquer son territoire. Ses atouts sont multiples. Un nouveau s’est même instauré cette année : la fraîcheur. « Cela faisait un moment que je voulais mieux sélectionner les épreuves,reconnaît-il. Du coup, avec ma blessure de l’automne, je n’ai pu disputer que deux compétitions officielles. Le masters en octobre et le championnat de France en décembre, avec un huitième titre à la clé. Mon seul regret est d’avoir dû déclarer forfait pour la Coupe de Chine. » Le seul trophée qui, à ce jour, manque encore au plus beau palmarès de l’histoire du patinage français.

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