Alain Fouché : « Il faut une loi<br>sur l’aide à mourir »

La 5e journée mondiale pour le droit à mourir dans la dignité sera célébrée, partout en France, le vendredi 2 novembre. Le sénateur de la Vienne Alain Fouché milite, depuis plusieurs années, pour un encadrement légal de la fin de vie. Eclairage…

Nicolas Boursier

Le7.info

Alain Fouché, pourquoi l’aide active à mourir est-elle un sujet qui vous tient autant à cœur ?
« Parce qu’elle concerne chacun de nous, dans notre rapport à la maladie et à la déchéance, celles d’un proche ou les siennes propres. Je me bats depuis des années pour que dans les situations d’agonies insupportables ou d’extrême dépendance, on puisse accéder à la volonté des personnes en souffrance de décider de leur fin de vie. Légiférer sur l’aide à mourir ne peut toutefois que s’accompagner d’une condition : que la personne malade soit saine d’esprit à l’instant de donner son accord par écrit. C’est tout le sens de la mobilisation des défenseurs de l’aide à mourir dans la dignité. »
 
Vous avez vous-même présenté un projet de loi en 2011, finalement retoqué pour quelques voix dissonantes. Comment expliquez-vous que la France ne parvienne pas à statuer sur ce thème ?

 « Je concède qu’il existe un vrai fossé entre l’opinion publique (ndlr : plus de 85% des Français se disent favorables à un encadrement légal de l’aide à mourir) et la position des politiques. Sont-ce des raisons éthiques, religieuses ou philosophiques qui créent une telle frilosité ? Je ne saurais vraiment l’expliquer. En revanche, je persiste à penser que ce débat est essentiel pour notre démocratie. Les propositions que nous avions faites devant le Sénat, mes collègues Godefroy (PS), Fischer (PC) et moi, en janvier 2011, allaient dans le sens d’un vrai accompagnement légal de l’aide à mourir. Et non d’une quelconque dépénalisation de l’euthanasie, comme je l’ai trop souvent entendu dire. Aider à mourir, c’est autoriser qu’un être conscient puisse écrire, sur un document qu’il pourrait conserver sur soi ou afficher dans des archives consultables par la famille, sa volonté d’en finir avec la vie, lorsque les souffrances seront devenues intolérables et la guérison médicalement reconnue impossible. »
 
Pensez-vous réellement qu’une loi passera un jour ?
« Je l’espère du fond du cœur. Nicolas Sarkozy avait fait des promesses dans ce sens. François Hollande semble lui aussi sensible à une avancée dans le domaine. Il s’est lui-même dit partisan d’un geste actif qui provoquerait la mort, dans certaines conditions et pour certains malades. Il appartient aujourd’hui à la mission Sicard, mise en place à la demande du président de la République, de tout faire pour élargir la concertation et créer les bases d’un vrai travail de fond. Un travail qui ne mette pas en opposition aide à la mort et soins palliatifs, mais qui, au contraire, favorise la création de lits en soins palliatifs, largement déficitaires aujourd'hui (dix dans la Vienne). Un travail, aussi, qui libère médecins et infirmières de toute chape de culpabilisation. Des comités médicaux doivent, de fait, être créés pour l'accompagnement de ces dossiers sensibles. Un travail, enfin, qui autorise chacun d’entre nous à préférer la dignité de la mort à l’atrocité de la souffrance. »
 
Plus d’informations sur le sujet auprès de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD 86). 24, avenue de l’Europe à Poitiers. Tél. 05 49 39 24 82.
 

 

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