Le Pr Séralini « répondra à toutes les critiques »

Auteur de la première étude au monde démontrant la toxicité du maïs transgénique NK 603 et de l’herbicide Roundup, Gilles-Eric Séralini se retrouve sous le feu des projecteurs et… des critiques. Invité par le collectif « Vigilance OGM » de la Vienne, le scientifique répondra aux questions du public, ce soir à partir de 18h30, à l’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs de Poitiers.

Romain Mudrak

Le7.info

Les résultats de votre étude, réalisée pendant deux ans sur deux cents rats, ont été très médiatisés (voir ci-dessous). Mais a-t-elle été sérieusement contredite depuis sa parution ?
« Avec mon équipe, nous avons rédigé un nouvel article pour répondre aux critiques énoncées depuis la parution de l’étude. Mon éditeur scientifique (Food et Chemical Toxicology) devrait le publier dans les prochaines semaines. Je répondrai à toutes les critiques. Très exactement, vingt-sept argumentaires ont été formulés. La plupart ressemblait fortement aux critiques avancées par la firme Monsanto elle-même. Mais nous avons choisi de les reprendre en détail, point par point. Nous avons également remarqué que 73% des contradicteurs sont des physiologistes du végétal qui n’ont pas travaillé sur la question ou, à l’inverse, qui ont eux-mêmes déposé des brevets de semences. »

Le nombre et la variété de rats utilisés par votre équipe sont particulièrement contestés. Qu’avez-vous à répondre ?
« L’échantillon est représentatif. Cette variété de rats est la même que Monsanto a utilisée pour effectuer sa propre étude. Le National toxicology program l’a recommandée aux agences pour leurs études qui ont validé la mise sur le marché. Je faisais partie de la Commission du génie biomoléculaire (désormais Haut conseil pour les biotechnologies) quand le NK 603 a été autorisé. Cela m’a valu de démissionner et de lancer ma propre étude indépendante de plus de trois mois. »

A votre connaissance, certains gouvernements ont-ils décidé de freiner l’usage des OGM ou du Roundup ?
« Depuis la publication de notre étude, la Russie a interdit toutes les importations d’OGM et l’Inde a stoppé la production et l’importation. »

Le Haut conseil pour les biotechnologies et l’Agence nationale de sécurité sanitaire refusent de tenir compte de votre étude. Comment réagissez-vous ?
« Mon étude remet en cause leur processus de mise sur le marché. Elle les gêne. Je plaide pour une contre-expertise qui pourrait démontrer l’innocuité du maïs transgénique et du Roundup. En ce sens, je suis soutenu par 130 associations citoyennes, 160 chercheurs et 4 anciens ministres. Rien n’est engagé pour le moment. Et pour cause… »

Vu votre terrain d’expérimentation, quelle alimentation avez-vous adopté ?
« J’essaie de donner à mes enfants des ingrédients bio le plus souvent possible. J’en consomme également très régulièrement, mais il est impossible de s’extraire du monde. Je reste un bon vivant. »

 

Photo : Arnaud Février - Editions Flammarion

Pratique

Conférence de Gilles-Eric Séralini, ce soir à 18h30 dans les locaux de l'Ensip, avenue du Recteur Pineau à Poitiers.

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