Le bâtiment veut<br> se reconstruire

Quatorze organisations professionnelles, représentatives des métiers du bâtiment, ont été reçues, ce jeudi, par le préfet de Région. Elles lui ont dressé un état des lieux "désastreux" de l'activité du secteur et lui ont demandé de relayer, auprès du gouvernement, l'ensemble des propositions jugées "indispensables" à leur survie et leur pérennité.

Nicolas Boursier

Le7.info

Si les murs ont des oreilles, la préfecture de Région doit être, à cette heure-ci, devenue sourde. Ces murs-là doivent surtout se dire que leurs bâtisseurs, naguère, ont des héritiers bien en peine. Deux heures de complainte sous les lambris de la République ont effectivement rappelé, ce soir, l'"immense inquiétude" des acteurs du bâtiment.

Le troisième employeur de Poitou-Charentes (14 000 entreprises, 33 500 salariés) va mal. Et les perspectives à moyen terme ne lui laissent guère d'espoirs de reconquête. Trésoreries exsangues, carnets de commande faméliques, mises en chantiers réduites de 35% en un an... Rien ne va dans le sens d'un regain de vitalité. "Surtout pas les dernières mesures gouvernementales visant à rehausser de trois points la TVA", s'écrient en choeur les professionnels.

 

3621 salariés en moins depuis 2008

A la lumière de quelques chiffres évocateurs (96 entreprises fermées au cours des dix-huit derniers mois, 240 en quatre ans, 3621 salariés licenciés) et d'une étude conjonturelle des plus noires, architectes, géomètres-experts, promoteurs, constructeurs, petits artisans et autres agents immobiliers n'ont d'autre choix que de tirer la sonnette d'alarme. Leur volonté à combattre se matérialise aujourd'hui dans une liste sans fin de demandes formelles. Parmi elles, un encadrement drastique des offres publiques ou sociales. "Une méthode de détection des offres anormalement basses doit être mise en oeuvre pour rejeter systématiquement les offres non justifiées."

Pour lutter contre la concurrence déloyale, les acteurs du bâtiment réclament que "des contrôles inopinés des chantiers soient effectués" (et équitablement répartis), que "les entreprises françaises et étrangères soient logées à la même enseigne, pour la fourniture de certificats sociaux et fiscaux" et encore que "les sociétés étrangères se voient imposer la délivrance d'une liste exhaustive de leurs salariés détachés".

 

La primo-accession à encourager

La lutte contre l'empilement des normes et des réglementations, l'encouragement fiscal soutenu du foncier constructible ou encore la redéfinition des zones éligibles aux dispositifs d'aide à l'nivestissement locatif, de type Scellier, font également partie des pistes de travail recensées. "Nous devons au-delà encourager la primo-accession, estiment-ils. Le PTZ+ doit de fait être repositionné et redéployé et les différés de rembroursement allongés pour les clients les plus modestes."

Alors que les carnets de commandes se réduisent à la portion congrue, les quatorze partenaires parlent d'une même voix de "la nécessité de financer en urgence les projets de travaux des collectivités territoriales". "J'ai en charge la réalisation de l'hôpital de Saint-Maixent, explique ce chef d'entreprise deux-sévrien. J'ai achevé les travaux neufs et je m'apprêtais à débuter ceux de réhabilitation. Cela fait des mois que j'attends que les crédits annoncés soient débloqués. Que puis-je décemment dire à mes quinze salariés qui ne voient rien venir ?"

Les exemples de chantiers en berne et de saignées économiques deviennent un pain quotidien. Le préfet Dassonville a désormais en mains l'ordonnance des remèdes aux maux de la profession. Sera-t-il entendu au sommet de l'Etat ? Plus de trente mille professionnels picto-charentais veulent aujourd'hui y croire.

 

 

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