Jaunay-Clan engage le bras de fer

Le maire de Jaunay- Clan, Francis Girault, veut construire et gérer lui-même des logements sociaux. La préfecture s’y oppose et met en avant le rôle des offices HLM. Le bras de fer dure depuis deux ans.

Romain Mudrak

Le7.info

Les habitués du centre-ville de Jaunay-Clan se désespèrent de voir l’herbe pousser sur le terrain vague situé à l’angle de la Grand Rue et de la route de Poitiers. Depuis 2010, la municipalité a racheté le domaine, rasé les maisons insalubres et milite pour y construire des logements sociaux. Une façon pour le maire de montrer sa volonté de respecter la loi SRU, imposant au moins 20% de résidences à loyer modéré. Pour réaliser et louer les bâtiments, Francis Girault veut se débrouiller seul. « On gère déjà une quarantaine de logements sur la commune. Une partie est consacrée aux appartements de fonction des gendarmes, cela prouve bien qu’on sait faire », soutient-il. La préfecture ne partage pas son avis et refuse de lui délivrer le permis de construire. « C’est la mission des offices publics d’HLM, note Tony Constant, directeur de cabinet du préfet. Ils disposent de la puissance financière et logistique nécessaires. » Ces bailleurs sociaux s’engagent à respecter des règles très strictes, notamment en termes d’attribution des logements. Condition sine qua non pour prétendre aux subventions de construction de l’Etat. « Passer par un bailleur coûterait 500 000€ de plus à la commune, dont un peu plus des deux tiers rien que pour le terrain qu’il paierait en-dessous du marché », assure Francis Girault. Pour débloquer la situation, ce dernier envisage de créer son propre office HLM dans les prochains mois.
« Ce n’est pas le rôle d’une mairie », estime, de son côté, le maire de Saint-Benoît. Dominique Clément a payé 45 000€ d’amende en 2011 pour non-respect de la loi SRU et ne compte pas s’improviser bailleur. « Même si je voulais, je ne pourrais pas recruter des agents pour développer cette activité car, comme beaucoup de collectivités, nous sommes dans une logique de réduction des frais de fonctionnement. » Il a donc recours aux offices publics HLM : « Quand l’un d’eux refuse, je passe au suivant. L’issue est toujours favorable. »
 

Saint-Benoît : haro sur la banlieue chic

Malgré les sanctions financières dont elle fait l’objet, la municipalité sancto-bénédictine est parvenue, en dix ans, à faire progresser de 40% la proportion de logements sociaux dans la commune. Bien sûr, Saint-Benoît partait de loin, avec seulement 9,5% en 2002. « Certes, mais je ne crois pas que d’autres maires puissent se prévaloir d’un tel effort. L’image de banlieue chic et privilégiée de Poitiers, c’est fini », assène le maire. Sa recette ? Chaque projet de lotissement doit comporter 30% de logements sociaux dans un souci de mixité sociale.

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