La Cour des comptes épingle le Cned

Dans un rapport rendu public le 10 février, la Cour des comptes épingle très sévèrement le Centre national d’enseignement à distance (Cned), qualifié d’«établissement inadapté à la formation en ligne». Le réquisitoire est sans appel.

Arnault Varanne

Le7.info

Entre 1998 et 2002, le Centre national d’enseignement à distance (Cned) a perdu la moitié de ses inscrits, de 402 000 à 202 000. Dans le même temps, le marché de la formation à distance a explosé. Le paradoxe ne manque pas d’inquiéter les magistrats de la Cour des comptes, qui ont rendu, mi février, un rapport au vitriol sur le fonctionnement de l’acteur public implanté à Chasseneuil. Comptabilité analytique inexistante, surcharge de personnels, tarifs en forte hausse, missions mal définies… Le rapport est sans complaisance.

Parmi les manquements signalés par la Cour, l’archaïsme des méthodes pédagogiques du Cned. « L’établissement a encore utilisé, en 2011, environ 390 tonnes de papier et expédié trois cents millions de pages », écrivent les magistrats. Un état des lieux que le ministère de l’Education nationale partage en grande partie. « Le Cned n’est pas parvenu à se moderniser et à anticiper les évolutions technologiques qui ont modifié le comportement et les attentes des élèves. Son offre est dispersée, peu lisible et le recours au papier favorise une image vieillissante », juge-t-on rue de Grenelle.

« Existence menacée »

Ce décrochage sur l’échelle des performances se traduit inévitablement par un recours massif aux deniers publics. Entre 2002 et 2011, la subvention de l’Etat a crû de 300% (de 25 à 72M€). Aux mauvais résultats «commerciaux», s’ajoute une inflation des personnels. Rien qu’en 2010, 1 187 professeurs ont été affectés au Cned sur des « postes adaptés de courte ou longue durée ». Des enseignants qui ne corrigent en moyenne que quatre copies par jour contre vingt-huit pour leurs collègues…

Plus grave encore, l’établissement ne disposerait pas encore, à ce jour, « des capacités enseignantes » à la hauteur des ambitions de son plan stratégique de développement, adopté en décembre 2012. Pour se moderniser, le Cned aurait besoin, selon la Cour des comptes, de repenser ses quelque mille six cents formations sous forme interactive. « Ce qui suppose des capacités techniques, pédagogiques, commerciales et de gestion dont le Cned n’a pas fait la démonstration jusqu’à présent. »

Dans sa réponse aux observations de la Cour des comptes, le directeur général Serge Bergamelli met en avant « un important travail sur le portefeuille de formations » et la mise en place d’une comptabilité analytique en juin 2013. En revanche, il ne juge « en aucun cas » le marché de la formation professionnelle comme « un secteur prioritaire ». Etonnant, à l’heure même où son « existence sous sa forme actuelle est menacée ».

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