Un combat pour l'honneur

Qualifié, pendant près de vingt-cinq ans, de « gendarme exemplaire », Christophe Bellan a vu sa vie basculer un soir de novembre 2002, à la suite d’une intervention musclée auprès d’un forcené meurtrier. Le Mirebalais de naissance dédicacera, samedi à Auchan- Sud, « Le Paria : de la lumière à l’enfer », un livre-vérité sur le combat mené contre sa hiérarchie et l’Etat.

Nicolas Boursier

Le7.info

Sa « tournée des popotes » médiatiques a débuté il y a quelques semaines, sur ces terres deux-sévriennes qui portent encore le sang de son « affront ». C’est là, à deux pas de son antre de la compagnie de gendarmerie de Parthenay, que l’existence de Christophe Bellan a pris « un sale tour ». Nous sommes le 16 novembre 2002. Une équipe de quatre gendarmes a été appelée à Vasles, sur le théâtre d’un double homicide. Dans la belle maison familiale, gisent les corps sans vie d’un couple de personnes âgées. Leur fille a donné l’alerte : son compagnon, refusant la séparation qu’elle souhaitait, a tué ses parents, elle a pu s’échapper. Face aux quatre militaires, l’homme est incontrôlable. Il se rue sur l’un d’eux, un couteau à la main. Le gendarme riposte avec son arme à feu, au moment-même où Christophe Bellan, chauffeur du commandant de compagnie, arrive sur les lieux. « J’ai entendu puis vu les coups de feu, explique-t-il. J’ai écarté mon collègue et me suis jeté sur l’individu, dans le but de le désarmer. »
Après un long corps-à-corps, Christophe parvient à ses fins. Mais l’homme est grièvement blessé. Il décide immédiatement de le placer en position latérale de sécurité, pour le soulager de ses souffrances. « C’est alors que quatre bouteilles de gaz, qu’il avait positionnées dans la maison en flammes, ont explosé. »

Mise au placard
Fin du fait divers. Fin de l’histoire ? Bien au contraire. Pour Christophe, ce triste soir d’automne marque le début d’une lente descente aux enfers. « Dès le lendemain matin, mes supérieurs s’en sont pris à moi, me disant que j’aurais mieux fait de laisser ce gars mourir. Qu’en l’aidant à vivre, je déclencherais une enquête et que si des emmerdes en découlaient, il faudrait en subir les conséquences. » Depuis cette date, Christophe se bat pour son honneur bafoué. Dans « Le Paria – De la lumière à l’enfer », coécrit avec le biographe Christian Proust et sorti en décembre 2012, l’enfant de Mirebeau raconte cette improbable mise au placard. Le zèle de deux officiers décidés à lui faire payer son « élan d’humanité ». Ces cinq longues années au cours desquelles cette hiérarchie l’a déchu de ses missions de responsable logistique, pour le laisser seul, dans un bureau, à ne rien faire. Il narre encore la manière avec laquelle ses supérieurs lui ont maintenu la tête sous l’eau, en l’internant en psychiatrie à l’hôpital militaire de Bordeaux, en mai 2007, après qu’il eut osé saisir le tribunal d’appel administratif pour violences psychologiques, harcèlement et discrimination. « Ce livre, j’ai pu l’écrire parce que je suis retraité et dégagé du devoir de réserve. C’est ma thérapie. Ma façon à moi d’exorciser dix ans de brimades. Je n’en veux même pas à l’institution gendarmerie, que j’ai été fier de servir. Je veux seulement que ma triste expérience serve d’exemple. » Christophe poursuit son combat. Malgré un succès en appel et 10 000€ de dommages et intérêts versés par… l’Etat, il n’est toujours pas en paix. « J’ai sollicité six demandes de médiation au plus haut sommet de l’Etat. Aucune réponse ne m’a été donnée. S’il le faut, je saisirai un juge d’instruction et, pourquoi pas, la Cour européenne des Droits de l’Homme. » Pour laver son honneur et faire en sorte que ce qui lui est arrivé n’arrive jamais plus.

Christophe Bellan sera en dédicace dans la galerie d’Auchan Sud samedi, de 10h à 12h et de 14h à 18h. Plus d’infos sur www.christophebellan-livres.com

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