Bonsoir tristesse

Bien que séduisant à l'entame, le PB est retombé dans ses travers, présentant un basket parfois incohérent et souvent sans flamme, face à un leader toulonnais solide sur ses bases, qui a parfaitement su profiter des largesses défensives de son hôte. Il y a péril en la demeure.

Nicolas Boursier

Le7.info

Hier encore, il toisait de sa ferveur l'élite du basket hexagonal. Hier encore, on le devinait capable de transcender les siens, même dans le marasme de leurs pires cauchemars. Le public poitevin n'a sans doute pas perdu son âme, mais son cœur, lui, bat au ralenti, dans les pas d'un PB86 de plus en plus balbutiant et impuissant.

Plus que la septième défaite consécutive concédée ce mardi, c'est l'hébétude des plus fidèles qui inquiète. Car sans son sixième homme, l'ancien pensionnaire de Pro A aura bien du mal retrouver le chemin de la guérison. Las, la rédemption passe par la propre capacité des joueurs à se sublimer. Ce soir, plus que jamais, ils ont, pour la plupart, montré leurs limites à simplement se faire violence.

Coup de gueule salvateur

La cure de régénération avait pourtant bien commencé, avec des largesses défensives dont Hyères-Toulon est peu coutumier. Harley et Fitzgerald volaient alors comme des colibris sur la raquette varoise. Ona Embo enquillait et Legname s'emportait (15-9). La soufflante de l'entraîneur toulonnais avait le don de piquer ses troupes au vif. Message reçu, coach ! Dommage pour le PB. Car le glas de ses ambitions venait, on ne le savait pas encore, de (déjà) sonner.

Au virage d'un premier quart permissif à souhait, les locaux tenaient encore certes bon la barre (27-24). Mais le réveil du trio Julien-Cavallo-Westrbrook battait illico le rappel de la vigilance. Le HTB n'est pas un leader de pacotille. Il peut surtout se reposer sur un banc de première qualité. Ce que le PB, faut-il le reconnaître, n'a pas. Ateba, Chelle, puis Spain, se chargeaient ainsi d'impulser une vraie dynamique à des « noirs » jusque-là frileux dans leur initiatives. A la pause, les visiteurs avaient non seulement refait leur retard, mais surtout passé une large encolure (38-46).

Fiztgerald et Ona Embo seuls au monde

Au retour des citrons, Spain, par deux fois, puis Ateba, martelaient dans les esprits la certitude d'une fin inéluctable. Fitzgerald (23 points) avait beau, une nouvelle fois, se démultiplier, et Ona Embo alterner le très bon et l''approximatif, rien n'y faisait. Au matin du dernier acte, les onze longueurs de débours ressemblaient à un puits abyssal (54-66).

Encore une fois, Souchu traînait à ses basques un zéro pointé, Ogide une indigence consternante et le collectif un maigre 44% aux tirs (58% pour le HTB). Dans ces conditions, qu'espérer de l'emballage ? De la fierté, bordel. Celle dont Fitzgerald et Thinon ne se départissent, eux, jamais. 66-71, l'espoir renaissait.

On jouait le 36e minute et les premiers chants partisans descendaient des tribunes. Vociférations éphémères et vaines, car une antisportive imaginaire sur Julien permettait aussitôt aux troupes de Laurent Legname de reprendre leurs aises (71-81). Le même Julien pliait même la rencontre sur son troisième « trois points » de la soirée, avant d'être imité par Cavallo (73-87). Adieu la réhabilitation, bonjour la remise en question. Car si on ne change rien, rien ne... changera ! A méditer...

 

La fiche
Saint-Eloi. 1800 spectateurs. PB86 – Hyères-Toulon : 78-91. Mi-temps : 38-46. Evolution par quart-temps : 27-24, 11-22, 17-20, 23-25.Arbitrage de MM. Maestre et Tartare.
PB86 : Ona Embo 20, Harley 6, Souchu 0, Guillard 11, Fitzgerald 23, puis Thinon 10, Ogide 0, Joumard 0, Greer 8. Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
Hyères-Toulon : Julien 15, Cavallo 15, Westbrook 16, Spain 13, Gardner 14, puis Pontens 0, Chelel 7, Poirier 2, Ateba 9. Entraîneur : Laurent Legname.

 

Ils ont dit

Ruddy Nelhomme, entraîneur du PB86 : « Ce soir encore, nous avons singulièrement manqué de dureté défensive. Je n'ai pas noté assez de sacrifices collectifs. Du coup, Hyères-Toulon a pris ce que nous lui avons donné et s'en est bien servi. Je ne vois pas assez de révolte. Certains comportements sont étranges. Ogide ? Il rentre, il ne donne rien. Il va vraiment falloir se pencher sur une éventuelle solution de remplacement. »

Laurent Legname, entraîneur d'Hyères-Toulon : « Quand vous prenez quinze points en quatre minutes, vous êtes obligé de pousser un coup de gueule. Dès lors, on est parvenus à resserrer la défense et à faire déjouer cette équipe de Poitiers. La répartition du scoring est la preuve qu'on a bien fait le travail, avec un beau souci d'alternance. Pour l'instant, nous sommes sur une belle série. Mais cela peut aller très vite, dans un sens comme dans l'autre. Prenez l'exemple de Poitiers. »

Carl Ona Embo, meneur du PB 86 : « On les a laissés s'installer dans la partie, en leur autorisant des passes faciles et des shoots ouverts. On ne les a pas assez bousculés et on l'a payé cash. Défensivement, on peine à mettre de l'intensité collective. Dans la tête, on sait ce qu'on a faire mais on ne parvient pas à l'appliquer, tous ensemble. On se recroqueville sur nous-mêmes et ce n'est pas comme ça qu'on s'en sortira. On n'a plus le choix. »

Pierre-Yves Guillard, intérieur du PB 86 : « Défensivement, on doit mettre plus d'impact. Le basket, c'est avant tout un sport de combat et là-dessus, on est trop gentils. On a facilité la tâche à notre adversaire, qui s'est montré suffisamment adroit pour en profiter pleinement. On se doit de forcer le destin, samedi contre Evreux, pour chasser le doute. Notre public le mérite et nous, de toute façon, sommes dos au mur. C'est maintenant ou jamais. »

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