Rien dans les chaussettes

Adossé à des statistiques offensives anémiques pendant trois quarts-temps, le PB n’a jamais mérité la victoire qu’il espérait pourtant. Et dire que Boulazac, ce soir, n'était pas un grand Boulazac !..

Nicolas Boursier

Le7.info

On l’avait annoncé, Boulazac n’est pas Souffelweyersheim. Une manière implicite de mettre en garde Saint-Eloi contre tout excès de confiance. Et les hommes de Ruddy Nelhomme contre l’espoir de jouer, enfin, tranquillement à leur main.
Aussi encourageante qu’elle ait été, la victoire de mardi, chacun en a conscience, n’aura aucun poids à l’heure d’entamer les débats. Ce que le PB vérifie rapidement, en jouant à tâtons pendant sept bonnes minutes. Le temps d’une opposition bien plus marquée par les ratés sous le cercle et les pertes de balle que par les actions de talent. Etrangement, dans ce concert d’approximations, les Dordognots ne sont pas en reste. 9-8 après huit minutes, belle indigence !
En l’absence de Guillard et en attendant la qualification de Soliman, Joseph, puis le tout jeune Cluzeau sont appelés à la rescousse dans la raquette. Mission accomplie, la défense tient Le choc. Mais côté attaque, quelle orgie de fautes ! Le tableau de marque lui-même n’en revient pas. Au virage du premier quart, le 13-14 affiché en dit long sur la teneur des échanges.
La suite ne peut être que plus engageante. Enfin, le croit-on. Car Poitiers peine encore à régler la mire. 0/8 à trois points 4/14 à deux… Stopper l’hémorragie devient nécessité vitale, car Boulazac, lui, reprend des couleurs. Las, la première réussite d’Ona Embo par-delà la ligne (18-22, 14e) sonne encore faux dans un moderato du plus mauvais effet. De l’autre côté, Dubiez et Charles font le boulot. Le PB prend cher : 21-29, puis 24-33. Odiakosa, lui, commence à imposer sa masse au rebond. Aïe, ça ne sent pas bon !
Et dire que Boulazac joue toujours timoré. Un comble, pour des Bleus incapables de se sortir les tripes, fût-ce juste pour se mettre à niveau. A la pause, le PB, qui surfe sur  de faméliques lignes de stats (23% à deux points et … 9% à trois), n’a pas la moindre certitude sur laquelle s’appuyer.

Vaine embellie

Et l’esprit de révolte, bordel ? Foutaise. Totalement à côté de leurs pompes, les Nelhomme’s boys ! Fitzgerald lui-même est prié de… ne pas revenir sur le parquet. Odiakosa profite de l’aubaine. 28-42, les affaires s’arrangent.
On a de la peine à l’écrire, mais ce PB-là, à cet instant-là, est indigne de la Pro B. Est-il trop tard pour faire la nique aux pamphlétaires ? Tiens, un « 3 points » signé Greer (31-44) Tiens, un « 2+1 » de Kanté ! Il était temps. Mais le chrono s’égrène et le PB n’est pas encore à bon port. Gaillou en rajoute, pour Boulazac, plus de doute (38-50). Ah bon ? Plus aucun ? Même sur ce missile de douze mètres de Kanté (46-52) ? Insuffisant pour un cinq encore trop brouillon à l’amorce de l’ultime round (51-61).
Cette fois-ci, plus de pièces à y coudre. Il faut tout lâcher. Si possible dans les filets, Monsieur Kanté ! Comme le petit Thinon, là. Six points pour le lutin, en deux coups de  cuillère à pot. 61-64 : et voilà que l’impensable est peut-être en marche.
Il reste sept minutes. Kante renchérit, Dubiez s’étiole. Mais le duo arbitral pète les plombs. Décisions à sens unique, technique au banc… du grand n’importe quoi. Boulazac s’engouffre dans la brèche, qui devient fissure (61-71).
Thinon a beau entretenir la flamme (69-73), l’adresse n’est toujours pas récurrente. Impossible, dans ces conditions, de passer l’encolure au poteau. Avec la prestation collective offerte jusqu’alors, c’eût été un miracle de le faire. A oublier…

Photo Seb Jawo

 

POITIERS-BOULAZAC : 70-81
Poitiers. Salle Jean-Pierre Garnier. 2078 spectateurs. Arbitrage de MM. Thépenier et Alouahabi.  Mi-temps. 24-33. Score par quart-temps : 13-14, 11-19, 27-28, 19-20.

POITIERS : Ona Embo (11), Harley (7), Greer (10), Ogide (0), Fitzgerald (11), puis Kanté (20), Joseph (0), Thinon (9), Cluzeau (2). Entraîneur : Ruddy Nelhomme
BOULAZAC : Kerckhof (0), Houmounou (4), Charles (0), Soko (19), Odiakosa (14), puis Adjiwanou (17), Dubiez (11), Salmon (5). Entraîneur : Antoine Michon.
 

Ruddy Nelhomme, entraîneur du PB 86: « Nous finissons la phase aller et le constat que je peux faire ce soir est celui qui résume notre première partie de saison : nous manquons cruellement de constance défensive. L’ADN de cette équipe est de jouer l’attaque, mais quand l’adresse en prend aussi un coup, cela devient très difficile. On ne peut espérer briller dans la durée si on oublie les bases. Ce soir comme souvent, ç’a été le cas. »

Antoine Michon, entraîneur de Boulazac :
« En Leader’s Cup, nous étions venus ici pour retrouver le chemin de la victoire, et nous l’avions emporté. Là, nous sortions d‘un mauvais match à Charleville et nous nous sommes relancés. Il faut croire que cette salle commence à nous porter bonheur. Ce soir, j’ai retrouvé un groupe soudé et cohérent dans ses choix.  Malgré beaucoup de déchets en attaque, nous avons bien défendu à l’intérieur et poussé les Poitevins à prendre des shoots délicats. Au-delà, l’absence de Guillard leur fait du mal, je pense. »

Arnauld Thinon, meneur du PB 86 :
« A l’image de ce match, on vit vraiment une saison compliquée. Aujourd’hui encore, on n’a pas réussi à adapter notre défense au physique de Boulazac, le manque d’adresse de la première mi-temps nous empêchant au-delà de rester dans son sillage. Après ? Après, on revient, à l’euphorie, sur des coups individuels. Mais quand on ne défend que par intermittence, cela ne peut pas fonctionner sur la distance. »

Lamine Kanté, ailier du PB 86 :
« On savait que Boulazac frappait énormément. Ils nous ont poussés vers les extérieurs mais, hélas, nous n’avons pas mis les paniers qui nous manquent au final. Il y avait la place pour mieux faire, mais à force d’être trop gentils, on finit par ses prendre des claques. Tout le monde ne joue pas ensemble au même moment et c’est récurrent. »

 

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