Ruquier : "J'étais le rigolo de service"

La Hune accueillera, ce jeudi une représentation de « Je préfère qu’on reste amis », une pièce écrite par l’animateur télé et radio Laurent Ruquier. Entretien...

Florie Doublet

Le7.info

Laurent Ruquier, vous avez décidé de quitter Europe 1 pour RTL. Vos auditeurs vous ont suivi. Vous êtes satisfait ?
« Evidemment. J’ai la chance d’avoir des auditeurs fidèles. Je suis resté quinze ans sur Europe, alors, forcément, cela crée des liens… Le véritable challenge, c’était peut-être de convaincre ceux qui écoutaient RTL de rester sur la station. Par définition, ils ne m’écoutaient pas avant, puisque « Les Grosses Têtes » étaient diffusées à la même heure que mon émission sur Europe 1. Ce sont ces auditeurs qu’il fallait convaincre. Et je suis heureux que le pari soit réussi. »

Malgré votre succès en tant qu’animateur radio et télé, vous continuez d’écrire pour le théâtre. Pourquoi ne pas vous en passer ?
« L’écriture est un véritable besoin. A la radio, on improvise. C’est un travail de bande, alors que l’écriture est un travail solitaire. Je n’ai pas le temps, malheureusement, de créer une pièce chaque année. J’essaie de m’y tenir tous les deux ou trois ans. J’attends généralement l’été pour être plus tranquille. J’écris à mon rythme, sans autre contrainte que la page blanche. »

Dans « Je préfère qu’on reste amis », vous faites jouer Michèle Bernier, comédienne qui fait justement partie de votre « bande ». Avez-vous besoin de « faire briller » ceux qui vous entourent ?
« Là, c’est plutôt l’inverse qui s’est passé. Michèle avait déjà beaucoup de succès sur scène. Je savais qu’elle cherchait une nouvelle pièce de théâtre. Elle avait envie d’une comédie romantique, drôle, mais avec des sentiments. « Je préfère qu’on reste amis » a été créée sur-mesure pour Michèle. J’avais peur qu’elle la refuse. Elle n’avait pas besoin de moi pour qu’on lui propose des rôles et remplir un théâtre. »

Comment vous est venue l’idée de raconter les déboires amoureux de cette jeune femme à qui l’on répond inlassablement « Je préfère qu’on reste amis » ?
« C’est du vécu… J’ai beaucoup entendu cette phrase tout au long de ma jeunesse. J’étais plutôt le rigolo de service, j’avais un physique plutôt quelconque, alors que moi, j’étais très attiré par la beauté… Et faire rire, parfois, cela ne suffit pas. On vous voit comme le bon ami, mais pas plus. Je me suis servi de cette expérience pour construire le personnage de Michèle. »

L'écriture est donc un besoin, mais aussi une manière d'exorciser de vieux démons ?
« Pas toujours. Mes pièces précédentes traitent de sujets d'actualité et de toutes sortes d'autres choses. Par exemple, dans « Si c'était à refaire », je me suis penché sur la chirurgie esthétique. Et je ne suis pas concerné par la chose, en tout cas pas pour l'instant ! (rires) »

Seriez-vous prêt à vous asseoir dans le fauteuil d’« On n’est pas couché » pour faire la promotion de votre pièce et faire face au feu des questions de Léa Salamé et Aymeric Caron ?

« Oui. De toute façon, Aymeric Caron n’apprécie pas grandchose ! (rires) L’essentiel, c’est que le public rie et soit heureux en sortant du théâtre. Le succès populaire n’a jamais eu l’air de plaire aux chroniqueurs. Il faut mourir pour ça ! Télérama et d’autres journaux intellectuels sortent des dossiers entiers sur Louis de Funès, alors qu’il était vomi par les mêmes journaux, il y a trente ou quarante ans. »
 

Trouvez-vous vos chroniqueurs trop sévères?
« Non, je les ai engagé pour ça ! Ils sont simplement moins hypocrites que d'autres… C'est courageux de dire ce que l'on pense. »

Animateur, radio et télé, producteur, auteur… A quand le cinéma ?
« J’ai déjà écrit des scénarii, mais cela ne s’est pas concrétisé. Je n’ai pas vraiment le temps de m’en occuper. J’aime bien qu’on me sollicite. S’il faut quinze déjeuners et dix-huit rendez-vous pour obtenir ce que l’on veut, ce n’est pas la peine. Il y a quelques producteurs qui m’ont proposé d’adapter au cinéma « Je préfère qu’on reste amis » sur grand écran. Comme on dit, c’est dans les tuyaux ! »

Le jeudi 12 février, à 20h45, « Je préfère qu’on reste amis », à La Hune de Saint-Benoît.

© sylvia galmot - contour photos by gettyimages

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