L’heure de Bruno Belin

Le futur patron du Département s’appelle Bruno Belin. Gros bosseur et très direct, le futur ex-président de la communauté de communes du Loudunais devra sans doute arrondir les angles avec une majorité élargie.

Arnault Varanne

Le7.info

« Belin président, ça me fait très peur. Les rapports avec la majorité vont changer… » L’aveu en forme de confidence est signée d’une conseillère départementale de gauche. L’euphémisme affleure, Bruno Belin le fonceur n’est pas coulé dans le même moule que le consensuel Claude Bertaud. L’élu du Loudunais assume ses différences, en citant Oscar Wilde : « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris. » Au-delà du trait d’esprit, son tempérament de feu inquiète jusque dans sans majorité. Serait-il incontrôlable ? Ses joutes oratoires avec l’opposition ont pu le laisser penser.

Mais en se glissant dans les habits de président du Département, le maire de Monts-sur-Guesnes devra de facto endosser le costume du rassembleur. « J’y suis très attaché. Vous savez, j’ai fait campagne pendant six mois, dont deux sur le terrain, avec ces valeurs de rassemblement ! » Dans le Nord-Vienne, la guerre d’usure avec Elefthérios Benas avait quand même donné une autre image. La Communauté de communes a été « tourmentée », mais est aujourd’hui « apaisée », selon ses propres mots. Comme il s’y était engagé, il en cèdera la vice-présidence après les orientations budgétaires. En revanche, il « gardera un engagement » à Monts-sur-Guesnes, où il a une « vraie attache affective ».

Connaissance des dossiers

Au-delà de sa personnalité, ce pharmacien de 53 ans, père de trois enfants, est considéré comme un gros bosseur. L’ancien vice-président à l’Action sociale connaît ses dossiers sur le bout des doigts. Au point, souvent, de préparer des argumentaires circonstanciés au cas où. Ce fut le cas notamment au sujet des mineurs étrangers isolés… D’une certaine manière, le chef de file des frondeurs du redécoupage cantonal a presque fait le plus facile. Il doit désormais animer une majorité très large, avec des sensibilités différentes (UMP, UDI, Modem), féminisée et largement renouvelée.

Puisque le troisième tour avec Guillaume de Russé, pour la succession de Bertaud, n’aura pas lieu, l’enjeu majeur réside dans la composition du nouvel exécutif. « Il y aura bien cinq vice-présidents et autant de vice-présidentes », répète le nouvel homme fort de la droite. Cette répartition des postes pas forcément consensuelle se décide ce matin (Ndlr : mardi), avant l’installation de l’assemblée prévue jeudi. Et il y a fort à parier que Bruno Belin voudra éviter un couac comparable à celui de 2011. En pleine séance, à la surprise générale, Valérie Dauge avait revendiqué une vice-présidence, dénonçant « le chantage du groupe Initiatives et Progrès ». En l’état, la minorité de la majorité n’est plus représentée que par Francis Girault et Karine Journeau, élus indépendants sur le canton de Jaunay-Clan. Bruno Belin leur « laisse la porte ouverte », mais ne fera pas le premier pas. C’est dit.


Jean-Daniel Blusseau : « Nous défendrons nos propositions »

Déjà chef de file du groupe Vienne à gauche, Jean-Daniel Blusseau assurera aussi cette fonction dans la prochaine mandature. « Nous voulons faire entendre la voix de tous ceux et celles qui ont voté pour les candidats de gauche, pas seulement à Poitiers, indique-t-il. Nous aurons voix au chapitre sur tous les sujets du Département, avec des propositions à défendre. » Quant à son « face-à-face » avec Bruno Belin, il ne le craint pas. « Je n’ai pas peur de lui, on va voir comment il se comportera. Les premiers contacts que nous avons eus me laissent penser qu’il est disposé à travailler en bonne intelligence. Nous verrons la suite… »

 

 

À lire aussi ...