Claeys regarde devant

Un an après sa réélection comme maire de Poitiers, le député Alain Claeys pèse de tout son poids politique pour que la future ex-capitale régionale ne se délite pas sous les effets de la grande région. L’incertitude des dessertes de la future LGV Tours-Bordeaux ou le passage en communauté urbaine représentent aussi des enjeux majeurs.

Arnault Varanne

Le7.info

 Dans l’hémicycle de la salle des Échevins, ses opposants ne le ménagent guère, depuis un an et sa reconduction à la tête de la mairie de Poitiers. Pour Alain Claeys, chaque conseil municipal est une bataille oratoire, avec Christiane Fraysse à « sa » gauche et Jacqueline Daigre à « sa » droite comme principaux contradicteurs. Il y a d’ailleurs fort à parier qu’Osons Poitiers et l’Union de la droite, du centre et des indépendants sauront lui rappeler les promesses de campagne qu’il ne tiendra pas. « Pas des promesses, des engagements, c’est très différent. Mais nous avons encore cinq ans pour agir », rectifie d’emblée le socialiste. Qu’à cela ne tienne, la rédaction du « 7 » a tenu à le soumettre au révélateur de ses ambitions pour la ville aux cent clochers.

Au fil de l’eau et des nombreux dossiers, Monsieur le maire répond du tac au tac. Sans nier les réalités budgétaires et ses propres hésitations sur quelques sujets plus pointus. Mais son esprit vagabonde volontiers au-delà des quatre murs de son bureau. Car avec la perte du statut de capitale régionale et l’avènement de la Grande Aquitaine, Poitiers joue gros à l’horizon de 2035. « L’avenir de la ville s’inscrit dans la communauté d’agglomération », se persuade- t-il. Une agglomération forcément élargie, avec un cap symbolique fixé à 200 000 habitants, et soucieuse de préserver les intérêts de l’université et du CHU. Grandir pour exister, grossir pour peser. Deux impératifs fixés à l’agenda du maire de Poitiers et à celui des douze autres communes de l’agglo.

Une étape du Tour de France ?

Déjà, le législateur a eu la main heureuse avec les anciennes capitales régionales, leur permettant, via un amendement, de « s’octroyer » le statut de communauté urbaine. A la clé, davantage de pouvoirs transférés vers ces collectivités et une manne supplémentaire de 3 à 4M€. Alain Claeys ne forcera pas la main à ses collègues, même si on sent bien sa volonté de ne pas perdre de temps. De fait, la question de l’attractivité de Poitiers se pose aujourd’hui plus que jamais. Et c’est là que le député de la 1re circonscription entre en scène. A Paris, le co-auteur de la loi sur la fin de vie pèse de tout son poids politique. Pour faire en sorte de récupérer l’un des deux rectorats « promis » à la grande région. Pour recevoir des assurances de Guillaume Pépy (PDG de la SNCF, Ndlr), sur la desserte ferroviaire de Poitiers à partir de 2017.

Dans les couloirs des ministères ou son bureau de l’Assemblée nationale, Claeys consulte, reçoit, exerce, de fait, le pouvoir d’un parlementaire en cour à l’Elysée. Il a déjeuné avec le patron du Tour de France, Christian Prudhomme, il y a trois semaines, de manière à « envisager une étape de la Grande Boucle à Poitiers d’ici la fin du mandat ». Il doit s’entretenir cette semaine avec Jean Gachassin, président de la Fédé de tennis, dans l’optique d’accueillir un « bel événement ». Même démarche auprès du président de la Fédération française des sports de glace.

En 2017, il n’aura sans doute plus les mêmes entrées. Alors, il accélère pour (re)donner « de la visibilité » à Poitiers. Quant à la question de ses propres ambitions politiques, ce n’est « pas mon (son) sujet ». Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche l’intéresse-t-il ? « Vous savez, je peux terminer ma carrière politique sans être ministre. Aujourd’hui, je travaille pour mes successeurs et ça me passionne. »

À lire aussi ...