La Vienne, nouvelle terre d'asile?

Un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile ouvrira ses portes en septembre, à Loudun. La colère ourle dans le Nord- Vienne, où une pétition circule. Mais d’autres exemples montrent que la cohabitation est possible. Voire souhaitable ?

Arnault Varanne

Le7.info

 Sa sortie médiatique sur le plateau de Public Sénat a fait bondir les extrémistes de tous poils. L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin soutient l’idée « d’intégrer des familles étrangères dans les zones rurales, où se pose un problème de déficit démographique ». Chez Les Républicains, notamment du Nord-Vienne, la pilule passe mal depuis l’annonce de l’ouverture, à la rentrée, d’un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada). Quatre-vingts personnes seront hébergées dans les anciens locaux de l’Afpa de Loudun, dans l’attente d’un examen de leur situation administrative. « Dans cette affaire, j’ai été mis devant le fait accompli et blessé, admet le maire de la commune,Joël Dazas. Désormais, ce projet est acquis. Au pied du mur, je n’ai d’autre choix que de tout mettre en oeuvre pour accueillir ces gens dans les meilleures conditions. Et cela, je ne pourrai le faire sans un soutien actif de l’Etat lui-même. »

Même si une pétition circule sur Internet, même si l’implantation du Cada sème le trouble, la capitale du Nord-Vienne se prépare à l’arrivée des familles. Et fait même contre mauvaise fortune bon coeur. En « échange », l’élu centriste demande ainsi à l’Etat de s’engager à « rouvrir la classe de l’école du Martray », promise à la fermeture et à « faciliter l’installation d’un ou deux médecins sur son territoire ». Sans oublier qu’il aimerait « trouver un site de substitution pour le centre de loisirs qui devait déménager dans les anciens locaux de l’Afpa ».

« Des facteurs humains »

Evidemment, la problématique des migrants est suffisamment sensible au plan européen pour que l’on ne verse pas dans l’argumentaire définitif sur la politique de l’Etat, qui consiste à répartir les demandeurs d’asile dans les départements les moins peuplés. Mais force est de constater qu’à Eymoutiers (Haute-Vienne), on ne se plaint pas de la cohabitation avec les migrants angolais, congolais, albanais… L’ancien centre de loisirs du Buchou en accueille quatre-vingts. Et vingtdeux enfants ont même permis à la commune de rouvrir une cinquième classe de primaire, à la rentrée 2014. Reste que l’incompréhension et la défiance servent trop souvent de comités d’accueil aux exilés du monde entier, là où l’Etat décide d’implanter des Cada.

En 2015, 5000 nouvelles places doivent voir le jour sur le territoire national(*). « Par le fait de discours politiques de stigmatisation, l’étranger est devenu le boucémissaire rêvé, surtout dans des zones de grande précarité », déplore le porte-parole du collectif « D’ailleurs nous sommes d’ici », Yvon Plaçais. Qui a tôt fait de s’inquiéter de l’accompagnement des demandeurs d’asile. « Il y a des facteurs humains à prendre en compte… » Pour information, Loudun a perdu l’équivalent de 1600 habitants depuis 1990. Un chiffre à méditer.

(*) La région Poitou-Charentes ne fait pas partie des régions prioritaires pour l’ouverture de nouvelles places.

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