Grand Poitiers, croissance accélérée

Sept structures intercommunales au lieu de dix-neuf, un Grand Poitiers et une agglo de Châtellerault dopés à la fusion… La carte dévoilée ce matin par la préfète de la Vienne révèle un paysage institutionnel nouveau. Que les contestataires, notamment du Val Vert du Clain, n’entendent pas se laisser imposer.

Arnault Varanne

Le7.info

Sans grande surprise, la préfète de la Vienne et de Poitou-Charentes, Christiane Barret, a donc rendu public un Schéma départemental de coopération intercommunale (SCDI) qui fait la part belle aux « grosses » intercommunalités qui pourront « peser dans la future région ». Dans le redécoupage proposé, Grand Poitiers fusionnerait ainsi avec Vienne et Moulière, Val Vert du Clain, les Pays mélusin et chauvinois. Cette alliance conduirait à une agglo de 48 communes -contre 13 aujourd’hui- et 192 991 habitants. Jusque-là très silencieux, Alain Claeys a profité de la séance publique matinale pour indiquer que « renforcer l’agglo de Poitiers est une nécessité, un devoir et une évidence pour l’avenir du département ». 

La tirade de l’union a semble-t-il plutôt séduit les représentants autres « CC » appelés à se rapprocher. Gérard Herbert a dit qu’il y était « favorable en tant que maire de Chauvigny ». De son côté, René Gibault (Pays mélusin) estime que « si Poitiers est fort, alors nous serons forts ». Seul Francis Girault, opposé au rapprochement avec Grand Poitiers depuis plus d’un an, s’est démarqué de manière spectaculaire. Environ cent vingt habitants et élus du Val Vert du Clain se sont d’ailleurs fait entendre devant la préfecture, avant d’écouter religieusement leur président se lancer dans une longue diatribe anti-fusion. Ce projet,  le conseiller départemental l’a d’ailleurs attribué à «madame la préfète et monsieur le président de Grand Poitiers». « Intolérable » pour la représentante de l’Etat, qui n’accepte pas que son « honnêteté intellectuelle soit remise en cause ». Qu’à cela ne tienne, M. Girault a déroulé son discours, estimant « l’argumentation (de la préfecture, ndlr) lacunaire et d’une rigueur discutable ». « Votre projet est une mauvaise solution et un vrai problème. Le coup de force que vous voulez imposer conduira à de la valeur retranchée… Il n’existe pas aujourd’hui d’envie de Grand Poitiers. »

« Tout le reste, c’est de la poésie ! »

« La seule méthode, c’est de réaliser des études financières sérieuses. Tout le reste, c’est de la poésie ! », lui a rétorqué le député-maire de Poitiers. Qui a évoqué « une organisation indispensable des grands services urbains à l’échelle de l’agglomération pour proposer aux habitants des prestations de qualité ». « Mettons nos moyens en commun pour être plus efficaces et moins chers ! » Vu la teneur des débats matinaux, pas sûr que la collaboration entre les territoires soit un long fleuve tranquille. Les élus n’ont pourtant que deux mois avant de délibérer sur le projet et proposer des amendements ou un rejet pur et simple de la carte. Sachant toutefois que tout rejet ou modification devra être approuvé par deux tiers des voix de la CDCI. 

A côté de l’agitation poitevine, le maintien des « CC » du Pays loudunais et des Vallées du Clain dans leur actuel périmètre tranche singulièrement. De la même manière qu’à l’exception des dix-sept maires des Portes du Poitou, opposés à la fusion avec la Communauté d’agglo du Pays châtelleraudais, le ralliement du Lencloîtrais et des Vals de Gartempe et Creuse avec cette même CAPC (85 000 habitants) ne semble pas souffrir de contestation majeure. A l’ouest, l’alliance entre Mirebalais, Neuvillois et Pays vouglaisien devrait, elle aussi, trouver un terreau favorable. Idem au sud, où Jean-Olivier Geoffroy (Civraisien) a qualifié de « cohérente » la proposition de rapprochement avec le Pays gencéen et le Pays civraisien et charlois. Quant au Lussacois et au Montmorillonnais, les habitudes de travail en commun devraient aboutir à un consensus   

Une commune nouvelle dans le Mirebalais
Actuel maire de Chouppes, conseiller départemental et président de la communauté de communes, Benoît Prinçay a indiqué qu’une réflexion était en cours dans le Mirebalais pour créer une commune nouvelle. Autrement dit, une fusion des douze entités actuelles en une seule ! 

 

Annulation ou report ?
Une passe d’armes spectaculaire a opposé la préfète Christiane Barret à Bruno Belin. Le président du Département reproche à la représentante de l’Etat de lui avoir demandé d’annuler une réunion de concertation avec les conseillers départementaux, prévue jeudi dernier. « Je vous ai simplement demander de la reporter, par courtoisie pour les membres de la CDCI », a rétorqué la préfète. Bruno Belin a maintenu sa version estimant n’avoir « jamais vu ça ». 

 

 

 

 

 

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