La gauche dans un fauteuil

Avec l’ensemble des douze départements conquis par la liste d’Alain Rousset, la gauche s’est confortablement installée aux commandes de la nouvelle région. Le report de voix des abstentionnistes du premier tour, de huit points moins nombreux au second, n’a profité ni à l’union de la droite et du centre, ni au FN.

Nicolas Boursier

Le7.info

Quand trois territoires ambitionnent de ne plus faire qu’un et quand les présidents de chaque entité en survivance appartiennent à la même classe politique, difficile d’imaginer un changement radical à l’échelle d’une grande région. Virginie Calmels l’a secrètement espéré, elle a finalement échoué au port.

Battue dans les douze départements de la future Aquitaine- Limousin-Poitou-Charentes (et même par le Front National en Lot-et-Garonne), la candidate LR-UDI-Modem-CPNT semble avoir payé un lourd tribut aux appels répétés des grands partis et des ténors du gouvernement à la mobilisation de l’entre-deux tours. Ce qui a contribué à faire barrage à la famille Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Alpes-Provence-Côte d’Azur a, à l’évidence, creusé le tombeau des illusions de la droite, de ce côté-ci de l’Hexagone.

Le FN sur le reculoir

A l’image de Poitou-Charentes, où la liste de l’union de la droite et du centre avait remporté la mise, une semaine plus tôt, dans les quatre départements, la razzia socialiste s’est cette fois-ci avérée totale. Les grandes villes elles-mêmes n’ont pas ménagé leur soutien au PS et à ses alliés, comme à Poitiers, où l’on a flirté avec les 56% de votes favorables à Alain Rousset, ou encore à Limoges, bastion droitier depuis les dernières Municipales. « La nationalisation de la campagne a éclipsé les enjeux territoriaux », s’est contenté de regretter, sitôt les résultats connus, Olivier Chartier, porte étendard de Virginie Calmels dans la Vienne.

Sans doute a-t-il raison. L’affirmer, c’est aussi reconnaître que le front de coalition contre la montée du FN a fait son oeuvre. A elle seule, la Vienne nourrit la certitude que la hausse de participation de huit points par rapport au premier tour a essentiellement fait le nid de la gauche. La droite et le centre n’y ont progressé que de sept points, le Front National y a stagné (22, 87% contre 23,93%).

Un autre chiffre : le dimanche précédent, cent vingt et une communes du département avaient placé Jacques Colombier en tête, elles n’étaient plus que quarante-trois avant-hier. Un gouffre, symptomatique de l’idée que le vent de renouveau voulu par Marine Le Pen n’est peut-être pas (encore) prêt à souffler sur le pays.
 

Les douze élus de la Vienne

Le département aura douze représentants au sein du futur Conseil régional de la nouvelle Aquitaine, dont le président sera élu le 4 janvier. Sept sont issus de la majorité de gauche : Jean-François Macaire, Reine-Marie Waszak, Cyril Cibert, Léonore Moncond’huy (EELV), Benoît Tirant, Anne Gérard et Thierry Perreau (EELV). A Bordeaux, Olivier Chartier (LR), Véronique Abelin (UDI) et Philippe Rabit (LR) siègeront dans l’opposition. Idem pour Alain Verdin et Sabine Fropos (FN).

 

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