Le trail dans tous ses états

Frédéric Berg et Vincent Hulin partagent beaucoup de points communs. Tous les deux sont journalistes, baignent dans le milieu du trail et des ultra-trails et ont éprouvé, à un moment donné, le besoin de raconter de l’intérieur. « Grand Trail » et « Coureur de l’extrême », deux livres à glisser sous le sapin.

Arnault Varanne

Le7.info

Son livre est en rupture de stock sur Amazon. Et ce n’est pas son récent passage dans Le Magazine de la santé, sur France 5, qui risque de tarir la source d’approvisionnement du « Coureur de l’extrême ». Avec le récit de ses aventures à la Diagonale des Fous, à l’UTMB, au Marathon des sables et au Tor des géants, Vincent Hulin(*) a visé juste. « Peut-être est-ce le livre que j’aurais aimé lire », admet notre confrère de France Bleu Poitou. En cent quarante pages, cet «anonyme du peloton» des ultra-trails embarque son monde dans ses moments de doute, de souffrance, de solitude aussi… 

« J’aime bien me donner un rendez-vous avec moi-même, savoir jusqu’où je peux aller. » Son prochain défi XXL, en juillet 2016, l’embarquera définitivement dans une autre dimension. En seize jours et seize heures, l’ancien judoka devra se coltiner… 898km et 55000 m de dénivelé positif. « Les organisateurs de la TransPyreneA estiment que seuls 25% des coureurs arriveront. Je compte bien être au rendez-vous, même si je sais que je vais souffrir, beaucoup souffrir ! » Evidemment, le tome 2 de ses pérégrinations d’ultra-trailer sera en grande partie consacrée à cette folle course entre la Méditerranée et l’Atlantique, sur le GR10. 

L’été prochain, Frédéric Berg aura sans doute, lui aussi, les yeux rivés vers les Pyrénées. Mais aujourd’hui, le journaliste de La Charente Libre -passé par Poitiers, au début des années 2000- « défend » le remarquable ouvrage qu’il a « commis » avec son frangin photographe, Alexis. En trois cent vingt pages, les Berg dressent le portrait «intime» de seize grandes stars (Kilian Jornet, Sébastien Chaigneau…) et décrivent treize courses mythiques. « Nous avons essayé de documenter la discipline, ce qui, à notre connaissance, n’existait pas jusque-là », commente Frédéric.

Entraide et solidarité

Cette aventure fraternelle et livresque a démarré lors de la Diagonale des Fous 2013. « Nous avions lancé un financement participatif pour le voyage. Et la meilleure manière de remercier les gens était de laisser une trace en vidéo… » Ce pied dans le monde des ultras leur a ouvert des portes, permis de rencontrer les membres influents de cette vraie communauté, dans laquelle les mots entraide et solidarité signifient quelque chose. Leur persévérance a fait le reste. 

Avec « Grand Trail », Fred et Alexis Berg entendent aussi montrer le trail dans sa diversité. Celle d’un sport certes difficile, mais « accessible »« Je mets plus de temps à récupérer d’un marathon que d’un ultra », illustre Fred. Vincent Hulin tient le même discours. « Je ne suis qu’un coureur du dimanche qui s’est mis à courir tous les jours… » CQFD. 

(*) Le 14 janvier, Vincent Hulin, en partenariat avec la fac des sports, organise une soirée autour des « stratégies gagnantes, du marathon à l’ultra ». Six spécialistes reconnus (François Fourchet, Vincent Guillard, Rémi Hurdiel, Grégoire Millet, Denis Riché) viendront parler d’entraînement, de récupération, de nutrition… Inscription gratuite sur preparation.physique@univ-poitiers.fr - Vincent Hulin sera également en dédicace à Auchan Poitiers-Sud le 9 janvier. 
 

Les courses nature en plein boom

De plus en plus de coureurs poitevins s’adonnent aux courses nature. Le phénomène dépasse le simple effet de mode. Pour sa neuvième édition, le 31 janvier prochain, le Trail du Miosson s’attend à une fréquentation record. « Sans doute 850 coureurs sur les trois épreuves (8,5km, 15,5km et 23 km). Nous ne pouvons pas aller au-delà ! », indique Isabelle Brousse. En quelques années, le « Miosson » a doublé ses effectifs et pourrait allègrement dépasser la barre des mille participants… La présidente de Poitiers CO s’y refuse, mais regarde avec justesse l’engouement pour la course nature, qui a émergé au milieu de la dernière décennie. « Les gens ont envie de courir dans un cadre naturel, parfois insolite. Il n’y a pas de routine, le terrain change en fonction des saisons, les appuis aussi. Et puis, le trail véhicule moins cette dimension de compétition chronométrée à tout prix. » « Sans compter que c’est moins traumatisant pour les articulations », ajoute Guy Rontard. Comme Frédéric Berg et Vincent Hulin et une quarantaine de ses amis, le président de l’Ultr’Amical 86 a pris le parti de « courir moins vite mais plus longtemps ». « Dans l’ultra, il y a cette idée de repousser ses limites, d’être face à soi-même. On ne rencontre que des passionnés sur ce type d’épreuves ! »

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