À l’école des parents

À Châtellerault, l’école Lakanal-Littré accueille, chaque mardi et vendredi soir, une quinzaine de parents d’élèves primo arrivants. Après la classe des petits, la maîtresse d’école Vanda Houbre leur dispense un cours particulier, mêlant leçons de français et de civisme.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

« Parlons du dentiste. Quand va-t-on chez le dentiste? Quand on a mal aux dents. » Assis à leur pupitre, Fatma, Patricia, Mehmet, Najat, Fatima et les autres répondent tour à tour aux questions de la maîtresse d’école, Vanda Houbre. Dans la classe au décor enfantin du deuxième étage de l’école élémentaire Lakanal-Littré, à Châtellerault, résonnent des voix aux accents portugais, algérien, turc, s’essayant à la langue française. Il est 17h et les parents ont pris la place de leurs enfants pour une leçon un peu particulière.

Tous, ici, sont primo arrivants, ou presque, et ne maîtrisent pas (ou peu) le français. Grâce au dispositif « Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des enfants » (OEPRE), la quinzaine de participants dispose, chaque semaine, de deux leçons, qui mêlent français, civisme et parentalité. « Nous nous efforçons de travailler sur ces trois axes en permanence, précise Laurent Robin, coordonnateur Éducation prioritaire. L’objectif est de permettre à ces parents de s'intégrer dans la société. Outre les cours de langue, nous leur dispensons de nombreux conseils pour qu’ils aident leurs enfants à faire leurs devoirs ou bien pour rédiger un CV et une lettre de motivation, engager des démarches administratives... » 

 

Bûche ou bouche ?

Mounia est arrivée d’Espagne il y a quelques mois seulement. Pour elle comme pour les autres, les premiers pas ont été difficiles, sans connaissance de la langue. « Cela fait un mois que je viens ici, précise-t-elle, dans un français très correct. J’ai beaucoup progressé et c’est mieux qu’avant. » Au fond de la classe, Mehmet semble redoubler de concentration à l’écoute de Vanda Houbre. « Je travaille comme peintre en bâtiment à Poitiers et je veux obtenir la nationalité française, explique le quinquagénaire. Alors, je dois parler parfaitement. » Tous ont leurs raisons et aiment les partager, parfois avec humour. « L’autre jour, j’ai voulu commander une bûche à la boulangerie mais la dame a compris « bouche », à cause de ma prononciation », sourit Patricia. Éclats de rire dans la salle.

Depuis quatre ans qu’elle anime la classe des parents d’élèves, Vanda Houbre a vu le nombre de participants augmenter et les mentalités évoluer. « Ces gens ont de plus en plus envie de sortir de chez eux, de rencontrer du monde et d’apprendre, observe la maîtresse d’école. C’est vraiment chouette de travailler avec eux, tous ont un parcours différent et de ce mélange, découle une formidable richesse, culturelle et humaine. » Malgré son succès, la classe de Châtellerault demeure la seule du département à proposer le dispositif OEPRE.

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