Le port du casque refait surface

Avec sa proposition de loi visant à rendre obligatoire le port du casque à vélo, un sénateur de l’Eure espère améliorer la sécurité des cyclistes. Mais les amateurs ne sont pas tous convaincus…

Florie Doublet

Le7.info

Ce n’est plus qu’une question de temps. Dans quelques semaines, le port d’un casque pour les enfants de moins de 12 ans sera obligatoire, selon une recommandation du Comité interministériel pour la sécurité routière (CISR). Faut-il élargir la mesure à tous les cyclistes ? C’est le sens de la proposition de loi du sénateur Hervé Maurey, déposée en janvier dernier. « Les accidents, même mineurs, une simple chute par exemple, peuvent entraîner des conséquences majeures, telles qu’un traumatisme crânien, explique-t-il. Le port du casque ne saurait être limité aux seuls enfants (…) alors que plus de 85% des cyclistes tués ont plus de 18 ans », assure l’élu de l’Eure.

Dans la Vienne, on dénombre quatre-vingt-quinze accidents corporels et cinq tués depuis 2010. « Il y a de quoi s’alarmer, estime Joseph Dupeyron, président de la Prévention routière de la Vienne. Dans près de la moitié des accidents de vélo, la tête porte en premier sur le sol. Le crâne éclate littéralement lors d’un choc à 40 km/h. »

Port obligatoire pour les pros

La démonstration peine à convaincre Stéphane Culot. Le président de Vélocité86 se balade sans protection et ne se sent pas en danger. « Le véritable fléau, c’est la vitesse à laquelle roulent les voitures en ville. Si un cycliste est heurté à 40km/h, le casque ne change pas grand chose. » L’amateur s’appuie sur un article publié dans la revue… Vélocité. « Qui est le cycliste tué type ? Il est âgé de plus de 65 ans, il est casqué et son accident a lieu hors agglomération. » En clair, le casque n’évite pas la mort. « C’est même un frein au développement de la bicyclette, avance Stéphane Culot. Certains y verront une contrainte supplémentaire et une entrave au sentiment de liberté offert par le vélo. Bref, cela ne fera pas diminuer le nombre de tués, mais bien le nombre d’usagers. »

Le même débat avait animé le milieu sportif dans les années 90. La mort d’Andrei Kivilev, pendant Paris-Nice 2003, a mis tout le monde d’accord. Depuis, le port du casque est obligatoire pour les professionnels. « C’est une nécessité, assure Paul Brousse, ancien directeur sportif de Poitou- Charentes Futuroscope 86. Je me suis posé la question pour les amateurs… J’étais sceptique, mais j’ai la sensation que les cyclistes sont de moins en moins en sécurité sur la route. Nous en avons eu le triste exemple avec le décès de Romain Guyot (coureur de 23 ans, renversé par un camion, le 3 mars, à La Roche-sur-Yon, ndlr). Aujourd’hui, je suis pour. » Pour entrer en vigueur, cette proposition de loi devra être examinée au Parlement. Le Sénat et l’Assemblée nationale devront l’adopter dans les mêmes termes.

 

La Poste équipe ses facteurs
S’appuyant sur plusieurs expériences menées en région, La Poste adécidé de doter de casques tous ses facteurs assurant la distribution à vélo. Ils sont cent quatre vingt-deux dans la Vienne. « Cette décision a pour objectif de les protéger en cas d’accident », assure Hélène Desbois, attachée de presse de La Poste Poitou-Charentes. La distribution est en cours depuis janvier dernier.
 

 

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