Les femmes se groupent pour courir

Il y a un an, une jeune femme était sauvagement violée et agressée sur les bords du Clain. Depuis, le niveau de vigilance des joggeuses est au plus haut. Le groupe des Running Women’s constitue une alternative de choix pour celles qui ne veulent plus courir seules.

Arnault Varanne

Le7.info

23 juin 2015, chemin du Sémaphore. Alors qu’elle court seule, une femme de 25 ans est poignardée avec un tournevis, avant d’être violée et étranglée à plusieurs reprises. Mis en fuite par ses cris, son agresseur remonte sur son scooter et file à l’anglaise. Quasiment un an après ce fait divers tragique, le suspect s’est évanoui dans la nature et la « psychose » reste à un degré élevé dans la population. « Je ne cours plus seule, admet Emilie, 31 ans. Désormais, je m’arrange toujours pour y aller avec mon ami ou des amies... C’est triste, mais je me sens en danger. »

Et pourtant, les cas d’agressions de joggeuses n’engorgent ni les commissariats de Poitiers, ni les brigades de gendarmerie. « Il y a quelques semaines, nous avons juste recensé une plainte à l’ouest de la ville, pour une main aux fesses », reconnaît le lieutenant-colonel Ambrazé, du groupement de gendarmerie Poitou-Charentes. Malheureusement, quelques affaires ont défrayé la chronique ces dernières années. » En ville comme à la campagne, aucun territoire n’est épargné. Regards insistants, voitures louches, exhibitionnistes... Les menaces potentielles prennent des formes très diverses. « Lorsque je faisais mes études à Orléans, je courais souvent. Un jour, j’ai appris qu’une femme avait été violée à l’endroit que je fréquentais », se souvient Delphine.

Une solution, la communauté

Aujourd’hui, cette mère de famille de 38 ans ne s’aventure plus seule en forêt, elle préfère de loin les sorties collectives. Et ça tombe bien puisque l’ancienne athlète Marion Pimbert, par ailleurs coach sportif, a justement créé le premier groupe 100% féminin, les Running Women’s de Poitiers. « Pas qu’en raison des problèmes d’insécurité, même si nous en parlons entre nous. A titre personnel, je sors toujours avec mon chien, reconnaît la prof de fitness et maître-nageuse. C’est un fait, la course à pied est redevenue populaire car elle nécessite peu de moyens et se pratique au grand air. » Une cinquantaine de femmes de tous âges et avec des motivations très différentes se retrouvent ainsi, par petits groupes, au minimum une fois par mois(*). L’objectif ? Se défouler et partager du bon temps autour d’ateliers. « Le running permet de libérer des tas de choses et de franchir des étapes difficiles de sa vie. Et en groupe, on se dépasse plus facilement que seule ! », note Marion.

Pour l’anecdote, le groupe devrait bientôt bénéficier d’un logo dérivé de la BD et de la série Wonder Woman. La superhéroïne avait tous les pouvoirs... surtout celui d’écarter ses agresseurs. A défaut d’avoir le même, les joggeuses peuvent toujours se prémunir avec l’appli Letmino, disponible sur Google Play. Un outil qui permet d’envoyer discrètement un signal d’alerte en cas de problème ou de danger imminent. Rassurant, mais hélas insuffisant.

(*) Les prochains rendez-vous sont programmés au parc de Blossac, les 12 et 19 juin, de 10h à 11h30. Tarif : 5€ la séance. Une équipe de la communauté participera aussi à la Color Run, le 22 juin. Plus d’infos sur la page Facebook Running Women’s Poitiers.

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