Alice au pays de l'autonomie

Alice passe ses journées à l’Institut d’éducation motrice de Biard, géré par l’association des Pupilles de l’enseignement public. À 19 ans, la jeune femme veut dépasser son handicap moteur et mental pour gagner en autonomie.

Florie Doublet

Le7.info

Alice s’exprime avec maladresse et bute parfois sur les mots, mais la jeune femme de 19 ans fait preuve d’une maturité déconcertante. « Même si on est handicapé, on peut faire des choses. Moi, je suis une fille volontaire. Je me bats pour y arriver ! »

Depuis sa prime enfance, Alice est interne à l’Institut d’éducation motrice Indigo, situé à Biard et géré par l’association des Pupilles de l’enseignement public (lire encadré). Née grande prématurée, elle a souffert d’asphyxie néonatale, un manque d’oxygène au cerveau, lors de la venue au monde. « Je suis arrivée à l’Institut à 6 ans, raconte-t-elle. Avant, j’étais à l’école, mais c’était compliqué pour moi... Au début, je ne parlais pas beaucoup, mais maintenant ça va mieux. » Son caractère « bien trempé » lui permet de s’affirmer face à des éducateurs parfois un peu trop protecteurs... « Ils me disent « demande-nous si tu as besoin de quelque chose ! ». Mais moi je veux le faire toute seule. Des fois, je voudrais gommer mon fauteuil. »

Un pas de plus

L’Angoumoisine rêve de vivre dans son propre appartement. Mais le chemin vers l’autonomie est semé d’embuches... « J’apprends à faire des choses de la vie quotidienne. Aujourd’hui, j’ai réussi à préparer mon petit-déjeuner », assure-t-elle, visiblement fière de la prouesse. « Je sais lire aussi, ajoute-t-elle. Mais cela me fatigue beaucoup. J’ai du mal à rester concentrée longtemps. Ce qui est vraiment important, c’est que je puisse me repérer sur un plan, compter de l’argent... » Dernièrement, Alice s’est occupée de réserver les chambres d’hôtel pour son groupe d’amis. Ils partent en balade à Paris, les 4 et 5 juillet ! « J’étais stressée, je ne trouvais pas mes mots. Mon éducatrice m’a un peu aidée, mais je ne m’en suis pas si mal sortie. »

La jeune femme se sent prête à franchir une nouvelle étape. Elle a rédigé une lettre de motivation pour intégrer la résidence du Mai, à Chinon. Il s’agit d’une « école de formation à l’autonomie et à l’insertion sociale pour adultes ayant un handicap moteur ». « J’attends de savoir si je suis acceptée, lâche-t-elle, les yeux brillants. Je sais que mes parents ne seront pas toujours derrière moi. Ce que je veux, c’est qu’ils n’aient plus peur pour mon avenir, qu’ils me lâchent la main. »

 

Cent ans d’engagement

L’Association des pupilles de l’enseignement public de la Vienne est centenaire ! À cette occasion, une grande manifestation est organisée, aujourd'hui, place Leclerc. Au programme : table-ronde, spectacles, fanfares... À l’origine destinée à aider les orphelins de guerre, l’association a évolué au cours des décennies. Les Pep 86 ont désormais pour principale mission d’accompagner les adultes et enfants en situation de handicap, accueillis dans les établissements de Biard, Migné-Auxances, Smarves, Montmorillon et Adriers. 4 800 personnes sont prises en charge chaque année par les quatre cents salariés de la structure. « Nous menons un combat pour une société plus inclusive », explique Catherine Ménard, directrice de l'Institut Indigo.

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