Les Erasmus lâchés par la Région ?

Fin mai, certains étudiants de l’université de Poitiers ont reçu un mail les informant de la suppression de l’aide régionale à la mobilité internationale. Si, pour l’heure, rien ne permet de dire qu’une telle mesure sera prise, l’inquiétude s’installe parmi les candidats à un séjour à l’étranger.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

« Bonjour à tous, Nous avons eu une réponse au sujet de l’aide régionale complémentaire à la bourse Erasmus. Malheureusement, la Région ne maintient pas ce dispositif. Nous sommes désolés de cette mauvaise nouvelle. » Ces quelques lignes, Océane Legrand les a reçues fin mai, dans un courriel adressé par l’université de Poitiers. Pour cette étudiante en lettres, la décision est tombée comme un coup de massue. Selon le service relations internationales de l’UFR Lettres et langues, le conseil régional supprimerait son aide à la mobilité internationale, d’un montant de 120€ mensuels, accordée à chaque étudiant partant suivre un semestre de cours à l’étranger.

La Région dément l’information. « Toutes les demandes formulées jusqu’à la fin de l’année scolaire seront bien prises en charge, souligne Maryline Simoné, conseillère régionale en charge de la Jeunesse, de la Vie étudiante et de la Mobilité internationale. C’est valable pour les étudiants, comme pour les lycéens, les apprentis et les demandeurs d’emploi. » On se souvient pourtant qu’au moment de présenter le budget primitif d’ALPC, fin mai, le président Alain Rousset et Alexandre Piton, directeur général adjoint de la Région en charge des Ressources, avaient évoqué des « caisses vides » sur le volet mobilité internationale en Poitou-Charentes.

Maryline Simoné assure qu’une « réunion aura lieu cette semaine avec plusieurs vice-présidents pour engager, de manière urgente, une réflexion et faire un certain nombre de propositions au président d’ici à début juillet ».

« Si je ne pars pas, je n'aurai pas mon année »

La question du maintien des aides régionales pour la rentrée prochaine reste donc entière. Dans les rangs étudiants, l’inquiétude fait son nid. « Je suis désolée de voir que les études à l’étranger, qui sont un réel atout pour le CV et l’enrichissement personnel, ne comptent pas plus que ça aux yeux des dirigeants politiques, reprend Océane. Surtout que de nombreux étudiants, dont je fais partie, n’ont que cet argent à disposition pour vivre, le temps de leur séjour. » Dans certaines composantes, la validation du semestre est même conditionnée à ce stage à l’étranger. « Si je ne pars pas, je n’aurai pas mon année. Je vais donc travailler cet été pour combler ce manque. »

Pour l’heure, difficile de donner une explication claire à cette éventuelle suspension des bourses de mobilité internationale. Est-elle la conséquence directe des 99M€ d’économies réalisées par la Région, pour combler le déficit de l’ex-Poitou-Charentes ? S’applique-t-elle à l’ensemble du nouveau territoire ? Ces questions en suspens devraient trouver une réponse dans les prochaines semaines. « Je connais l’urgence, insiste Maryline Simoné. Notre but n’est pas d’économiser de l’argent sur le dos des jeunes. » Affaire à suivre.

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