Cité judiciaire : les avocats mettent la pression

La future Cité judiciaire de Poitiers hébergera- t-elle la Maison des avocats de Poitiers ? Mi-juillet, le bâtonnier Drouineau a fait reporter la délibération qui devait statuer sur la question. En cause, le refus de la Chancellerie d’accorder aux professionnels du droit un accès par l’arrière du bâtiment.

Arnault Varanne

Le7.info

En cette période de disette budgétaire, peu de nouveaux Palais de justice sortent de terre. Poitiers fait donc figure d’exception, au même titre que… Paris, dont le vaisseau-amiral situé à Clichy-Batignolles ouvrira ses portes à la rentrée 2017. Dans les deux cas cependant, un grain de sable grippe la belle mécanique. « Comme à Paris, la Chancellerie nous refuse toujours un accès par l’arrière du bâtiment, rue du Pré-l’Abesse, éclaire Me Drouineau, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Poitiers. La topographie de Poitiers le commande. Tant que nous n’aurons pas de certitude sur notre capacité à circuler librement dans le Palais, nous ne ferons pas de démarche active pour nous rapprocher de la cité judiciaire. »

En juillet, la délibération qui devait trancher sur ce rapprochement a été reportée « sine die ». Il faut dire que le déménagement de la Maison des avocats, actuellement située rue Gambetta, représente une somme comprise entre 600 000 et 1M€ (*). « Ça fait cher les dix minutes, même le quart d’heure ! A fortiori si nous devons faire le tour par le boulevard de Lattre-de-Tassigny », grimace le bâtonnier. Qui fait donc pression sur le ministère de la Justice avec son collègue parisien, Me Sicard. Jusque-là, leur démarche commune s’est avérée sans effet. « Quelles que soient les solutions, accès par badge, puces intégrées dans la carte professionnelle, nous sommes prêts à payer. Mais c’est inconcevable que nous ne soyons pas écoutés. »

Déménagement annulé ? 

A partir de la mi-2019, les trois cent dix-neuf fonctionnaires de la Chancellerie seront, eux, autorisés à passer par cette entrée de service. L’Ordre réclame la même considération… sous peine d’annuler purement et simplement le projet. La Maison des avocats doit en effet s’implanter dans l’aile sud de l’ancien lycée, au sein d’un espace de 450m2. Et devra donc, de fait, délaisser son « QG » de la rue Gambetta. Le bras de fer pourrait durer, sachant que le Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas a écouté « poliment » les doléances des robes noires, lors de sa visite du 27 mai dernier. « Je sais que la Ville s’en émeut un peu, mais j’ai expliqué à Alain Claeys qu’il s’agissait d’une question importante. Quelque part, c’est la place qu’on veut laisser aux avocats dans notre système judiciaire. »

Ce n’est pas le premier avatar auquel est confrontée la Cité judiciaire de Poitiers. En 2014, un arbitrage défavorable du ministère de l’Economie avait failli avoir raison du projet. Le procureur de Paris François Molins et le député-maire de Poitiers s’étaient finalement mobilisés pour le résultat que l’on sait. Bis repetita ? 

(*) La somme comprend les travaux d’aménagement de la nouvelle Maison des avocats.

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