Michel Billé : « Vieillir est une chance »

Dédiée aux retraités et personnes âgées, l’opération nationale La Semaine bleue se poursuit jusqu’à dimanche. Le sociologue poitevin Michel Billé en est le parrain. Il plaide pour une « réhabilitation » de la vieillesse.

Arnault Varanne

Le7.info

Michel Billé, le thème de cette Semaine bleue est « A tout âge, faire société ». Cela signifie-t-il que les seniors sont rejetés par cette même société ?
« Pas forcément rejetés, mais déconsidérés. On les juge « trop vieux ». Trop vieux pour consommer, conduire, voter... C’est une disqualification par l’âge. Or, l’âge ne devrait jamais être un critère de discrimination. Et je ne vous parle pas des femmes âgées qui subissent la double peine. » 

Face à ces discours, vous assurez que « vieillir est une chance ». Pour quelles raisons ?
« C’est une chance à deux ni- veaux. D’abord personnelle. Vieillir, c’est encore la seule manière que j’ai trouvé de ne pas mourir. Vieillir, c’est aussi voir grandir ses petits-enfants. Croyez-moi, cela transforme la vie, c’est épatant. La vieillesse est aussi une chance collective. L’espérance de vie augmente, les seniors restent plus longtemps en bonne santé. Ils consomment des biens et des services, font fonctionner les commerces. Les « vieux » sont créateurs d’emplois, notamment ceux liés aux soins et à l’aide à la personne. La vieillesse, c’est aussi la transmission d’un héritage culturel, d’une histoire, d’un vécu, d’une expérience. Nous avons trop tendance à l’oublier. »

Perte d’autonomie, ennuis de santé, fragilité, décalage avec les nouvelles généra- tions... Certains aspects de la vieillesse sont plus sombres !
« Il n’y a pas d’âge pour perdre en autonomie, pour se casser un bras, une jambe ou être en fauteuil roulant. Malheureusement, les accidents domestiques ou de la route arrivent tous les jours. Je pense plutôt que vieillir c’est « perdre » en souplesse, en rapidité, en force, en muscles... Les seniors doivent « apprendre à perdre ». Moi, par exemple, j’étais un bon coureur. En vieillissant, j’ai appris à courir lentement (rires). En fait, je cherche davantage l’endurance que la vitesse. Je vous assure que le plaisir est le même ! » 

Comment changer cette vision négative de la vieillesse ?
«Ce sera un travail de longue haleine. Il a fallu une cinquantaine d’années pour créer cette mauvaise image de la vieillesse, on ne s’en défait pas comme cela. Désormais, il faut que les seniors osent en parler, mais sans dénigrer les plus jeunes. Il faut faire dialoguer les généra- tions plutôt que les opposer.»

Plusieurs initiatives existent en ce sens, telles que les résidences intergénérationnelles...
« Oui, bien sûr, et elles fonc- tionnent très bien. Tout le monde est gagnant dans cette affaire. La preuve que les générations peuvent parfaitement s’entendre. » 

Retrouvez l'ensemble du dossier seniors en cliquant ici.

À lire aussi ...