Une femme mise en examen pour assassinat

Après la mort d’une éducatrice spécialisée, samedi matin, au centre d’accueil social Cécile et Marie-Anne, la principale suspecte a été mise en examen pour homicide volontaire avec préméditation. Le procureur de la République est revenu sur les faits cet après-midi.

Romain Mudrak

Le7.info

Le procureur de la République a tenu à faire un « récit objectif des faits » qui se sont déroulés samedi matin dans le foyer de vie « Cécile et Marie-Anne ». C’est pourquoi il a invité la presse à venir l’écouter cet après-midi au palais de justice. Dans ce centre, situé rue Riffault, et qui accueille essentiellement des mères en difficultés sociales et financières avec leurs enfants, une éducatrice spécialisée a été retrouvée morte dans les escaliers. Cette Charentaise venait d’entamer une astreinte à 7h30 quand elle a été poignardée à quatre reprises.

Le procureur Michel Garrandeaux raconte que l’auteur présumée du crime, une femme de 20 ans mère d’un garçon âgé de 16 mois, est elle-même sortie du centre vers 8h30 pour prévenir un « placier » qui veillait au bon déroulement du marché du centre-ville. Avant d’attendre la police devant l’immeuble.

« Toutes liguées pour lui retirer son enfant »

D’après les premières auditions, « c’est l’annonce par l’équipe éducative d’un signalement judiciaire pour mise en danger de la vie de son enfant qui a déclenché le passage à l’acte ». Depuis début septembre, les éducatrices avaient remarqué un changement de comportement inexpliqué de la jeune maman, qui montrait des signes de « repli sur soi et une grande tristesse ». Elle ne s’occupait plus de son bébé. C’est sur ces motifs qu’une procédure a été enclenchée le 19 octobre.

En garde à vue, l’auteur présumé des faits a indiqué aux enquêteurs qu’elle avait prévu de « toutes les tuer », persuadée que les éducatrices s’étaient « toutes liguées contre elle pour lui retirer son enfant », rapporte le procureur. La victime était au cœur de sa cible. De son propre aveu, la jeune femme aurait donc attendu qu’elle arrive dans son bureau en ce jour d’astreinte pour l’agresser avec un couteau personnel et un autre dérobé en cuisine.

Sans aucun doute sur le côté préparé de l’attaque, le juge d’instruction a mis aujourd’hui la prévenue en examen pour homicide volontaire avec préméditation. Autrement dit, assassinat. Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

« Aucun dysfonctionnement de la justice »

L’enquête se poursuit. De nombreuses auditions sont prévues dans ce centre qui emploi une douzaine de salariés. Rose-Marie Bertaud, vice-présidente du Conseil départemental en charge de la protection de l’enfance, s’est rendu sur place dès samedi matin. Dans un communiqué, elle a indiqué que « les services de l’Aide sociale à l’enfance ont effectué vendredi (27 octobre) un signalement de cette personne pour mise en danger de sa fille (sic). » Elle a souligné que « le juge a maintenu la jeune femme et sa fille dans le lieu de vie Cécile et Marianne (sic) ».

« Je ne veux pas faire de commentaires sur des commentaires », a répondu le procureur. Selon lui, « il n’y a pas eu de dysfonctionnement de la justice ». Avant de préciser que « le juge des enfants avait convoqué la jeune femme pour une audience le 6 novembre ». « Nous avons uniquement été saisi le 19 octobre dans le cadre de l’enfance en danger. Cette femme ne présentait aucun signe d’agressivité, ni envers son enfant, ni envers le personnel du foyer. »

Au-delà des polémiques, le drame a suscité beaucoup d’émotion à voir les bouquets de fleurs et les messages laissés devant la porte du centre.

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