Rodolphe Bouin « enthousiaste et déterminé »

Nouveau président du directoire du Futuroscope, Rodolphe Bouin entend occuper la fonction à sa manière. A 41 ans, ce pur produit de la méritocratie interne connaît l’entreprise « par cœur ». Raison de plus pour lui inventer un avenir.

Arnault Varanne

Le7.info

Quel sentiment vous procure le fait d’être numéro 1 du Futuroscope ?
« J’ai un fort sentiment de responsabilité car le Futuroscope est une magnifique entreprise, qui génère 100M€ de chiffre d’affaires, pèse 800 ETP et constitue la vitrine du département. Je suis donc enthousiaste et déterminé. »

Comment succéder à Dominique Hummel, dont le style et les résultats ne sont plus à démontrer?
« On succède différemment à Dominique Hummel. L’erreur serait de dupliquer les styles. Nous n’avons pas les mêmes qualités ni les mêmes défauts. Nous avons été très complémentaires pendant une dizaine d’années. La fonction ne sera donc pas incarnée de la même manière. Il y a des figures imposées auxquelles je vais m’astreindre avec plaisir. Dans la gouvernance de l’entreprise, le comité de direction sera plus impliqué et les délégations plus fortes. »

Après dix-huit ans de « maison », vous semblez très proche des salariés. Est-ce un atout ou un inconvénient quand on devient n°1 ?
« C’est un sacré atout de connaître cette maison par cœur, notamment les femmes et les hommes qui la composent. J’ai la réputation d’être proche des salariés et je n’ai pas l’intention de changer. Maintenant, cela peut aussi être un inconvénient. Le Futuroscope a fait la part belle à la promotion interne, mais il faut trouver un savant dosage avec l’apport de compétences extérieures qui offrent des regards nouveaux. »

« Deux millions de visiteurs, c’est un palier »

Le Futuroscope est aujourd’hui au firmament. Comment faire en sorte de poursuivre sur la même dynamique ?

« Le premier objectif est de stabiliser le parc autour de deux millions de visites annuelles. Le second, c’est d’identifier quelles sont les marges de progression à l’avenir. Nous raisonnons à dix ans sur ce deuxième volet. Mais il ne faut pas oublier que dans notre secteur d’activité, nous remettons les compteurs à zéro tous les ans. A ce titre, l’accident de 2013 a peut-être accéléré notre virage vers un positionnement plus fun. Les Lapins crétins l’ont montré par la suite. »

Au-delà du plan d’investissement de 64M€, sur la période 2018-2023, vous planchez sur la prochaine décennie. Que prévoient vos scenarii ?
« Deux millions de visiteurs, c’est un palier pour nous. Si nous ambitionnons d’aller plus loin, il faudra densifier les investissements. Dans quelques mois, nous présenterons donc à la Compagnie des Alpes un plan à dix ans, avec deux scenarii distincts : l’un permettant de stabiliser l’activité et un deuxième plus ambitieux. La création d’un nouveau parc fait partie de ce deuxième scénario, l’objectif étant de doper les capacités d’accueil. Maintenant, le cœur du réacteur est et restera le parc actuel. »

Les futurs simulateurs de chute libre et Arena font-il partie de cette stratégie de diversification ?
« Ce ne sont pas des projets que nous portons, mais nous allons les commercialiser. S’agissant de l’Arena, dont nous ne serons pas actionnaire, nous sommes partis sur quarante-cinq dates entre le 14 juillet et fin août. Nous partirons sur un show payant et de qualité. Si cela fonctionne très bien, pourquoi ne pas étendre le calendrier… Le simulateur « zerOGravity » apportera du contenu à l’extérieur du parc et sera très complémentaire. »

On a le sentiment que la Compagnie des Alpes offre au Futuroscope un vrai espace de liberté. Est-ce le cas ?
« La Compagnie des Alpes est un actionnaire exigeant et bienveillant. Elle fait confiance au management en place, laisse les équipes porter un projet, un budget… Evidemment, la CDA a des exigences dans lesquelles il faut s’inscrire, mais l’échange est très constructif. »

 

CV express
A 41 ans, Rodolphe Bouin est ce qu’on appelle un enfant du Futuroscope, qu’il a découvert dans sa prime jeunesse comme simple visiteur. Entré par la petite porte -un stage à l’issue de sa maîtrise de sciences de gestion option marketing à l’IAE de Poitiers-, ce père de quatre enfants a exercé « neuf métiers différents » en son sein. « Et je ne me suis jamais ennuyé ! » « On trouve ici des valeurs humaines uniques », prolonge le nouveau numéro 1 du parc. Le marathonien amateur -Poitiers-Futuroscope et La Rochelle bouclés en moins de quatre heures- s’apprête à relever un nouveau challenge très excitant : offrir un avenir doré au Futuroscope. A ses côtés, il pourra compter sur une autre quadra : Elodie Arnaud, promue directrice projets et opérations. « Jusque-là, elle fabriquait les attractions, maintenant elle va aussi les exploiter. »

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