Leur monde de tolérance

Pendant sept mois, Bénédicte, Bettina, Eloi et Sami ont parcouru le monde en quête de solutions pour coexister de manière active. Les quatre jeunes athée, juif, catholique et musulman ont fait une halte à Poitiers pour délivrer un message résolument optimiste.

Arnault Varanne

Le7.info

A mi-chemin entre Koh Lanta et Pékin express, l’« Interfaith Tour » propose à quatre jeunes de partir se confronter à d’autres cultures, donc à d’autres manières de coexister entre communautés religieuses différentes. Coexister, c’est justement le nom de l’association interconvictionnelle qui porte ce projet (*). Pour sa « saison 3 », le mouvement a expédié Bénédicte (athée), Bettina (juive), Eloi (catholique) et Sami (musulman) dans le monde entier. Les quatre jeunes aux parcours et convictions disparates ont vécu ensemble sept mois, dans vingt pays différents, sur les cinq continents. Une expérience unique dans leur vie.

« Ce que j’en retire, raconte Bettina, c’est qu’il existe des centaines de façons de vivre ensemble. En Israël, par exemple, l’association Tali fait se rencontrer des écoles palestiniennes et israéliennes. Le but est d’apprendre aux enfants, dès le plus jeune âge à se connaître, par la culture, la religion, l’histoire. L’éducation est fondamentale. » En matière d’éducation -le thème du tour du monde-, Bénédicte a, elle, retenu le système finlandais et sa « capacité à parler des religions en conciliant les convictions sans jamais verser dans le prosélytisme ». L’étudiante à Sciences-Po Strasbourg est persuadée que le modèle peut « inspirer l’Education nationale ». La bande des quatre a prévu de restituer les solutions au ministère. 

Des colocs interconfessionnelles

Eloi, lui, retient de ces sept mois « la colocation ambulante ». Avec ses grands moments de partage et ses petits accros de la vie quotidienne. « Des colocations étudiantes, des lieux de vacances communs aux chrétiens et musulmans, ce serait une belle idée..., remarque l’étudiant en management des projets culturels à Bordeaux. Au Liban, l’initiative de Ziad Fahed est assez remarquable. » Sami, lui, a beaucoup appris sur lui-même, au point de complètement réorienter son cursus. Après avoir décroché un BTS technico-commercial à Marseille, le jeune homme va fréquenter la fac d’histoire, pour passer le concours de professeur des écoles.

Absent à Poitiers, la semaine dernière, il rejoindra ses camarades sur d’autres étapes de l’« Interfaih Tour », dont la dernière date est programmée début mai. Tels des rock stars, Bénédicte, Bettina, Eloi et Sami portent un message d’espoir. Résolument. Et défendent bec et ongles la laïcité « version Aristide Briand » (Bénédicte). « A l’étranger, l’a priori est très négatif, les gens ont l’impression que c’est quelque chose qui enferme les religions », prolonge Bénédicte. Elle qui a « fait l’expérience de la minorité » dans beaucoup de pays est revenue avec la conviction que la France était une terre d’épanouissement… quelles que soient ses convictions.

(*) Etonnamment, le mouvement ne compte aucune antenne à Poitiers, où les étudiants sont pourtant très nombreux. Vous êtes intéressé pour monter un groupe ? Plus d’infos à contact@coexister.fr ou sur www.coexister.fr.

 

Légende : Bettina, Bénédicte, Eloi et Sami (de gauche à droite) sont des militants actifs de la coexistence. (DR Alexandra Piat)

Photo Alexandra Piat

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