Pauvreté : le triste retour d’expérience du Secours catholique

Etabli à partir de l’expérience de ses 68 000 bénévoles, le rapport annuel du Secours catholique s’appuie toujours sur des statistiques très attendues et tristement édifiantes sur l’état de la pauvreté en France.

Claire Brugier

Le7.info

Comme chaque année, le Secours catholique a publié ce matin son rapport sur les chiffres de la pauvreté en France, décliné au niveau local par la délégation Poitou (Vienne et Deux-Sèvres). Forte de 66 équipes et services, soit près de 1 100 bénévoles, le Secours catholique poitevin fait cette année encore, chiffres à l’appui, le constat d’une pauvreté croissante avec 6 370 situations rencontrées (personnes seules ou familles), dont « deux tiers en situation d’extrême pauvreté, c’est-à-dire vivant avec moins de 540€/mois », note la présidente Paulette Vrignault. 

Les femmes continuent de représenter la large majorité (67%) des personnes qui se manifestent auprès des bénévoles, avec toutefois une hausse de 3% du nombre d’hommes seuls. La moitié (51,8%) des situations appréhendées concerne des familles avec enfants, 24,8% de seniors. Leur nombre affiche une hausse de 5,9% en cinq ans. « Pour le Secours catholique, c’est un vrai questionnement, confie Régis Gruchy, responsable de la délégation Poitou. Il faut que l’on s’organise durablement pour répondre à cette nouvelle demande. » Le nombre de familles étrangères en situation de pauvreté est également en hausse, de 5,7% en cinq ans, avec d’importantes disparités entre la ville et la campagne. « Notre volonté est de créer du vivre-ensemble, c’est un enjeu majeur de a société », explique Régis Cruchy, mettant en avant l’équipe de foot solidaire créée sur Poitiers ou encore la problématique des mineurs non accompagnés. 

Ecoute et accompagnement

Face à cette situation, le Secours catholique propose tout d’abord une écoute, étape essentielle pour accompagner ensuite efficacement les personnes. Puis son aide peut être financière,  sous la forme de « coups de pouce » qui servent essentiellement pour régler des impayés (eau et énergie). Cela représente 179 000€ du budget global de la délégation Poitou, qui se monte à 824 000€. 85% des recettes proviennent de dons et legs. Chaque nouvelle campagne d’appel aux dons est donc primordialepour l’association, qui recherche également toujours des bénévoles, « car l’accompagnement, c’est du temps », précise Régis Gruchy. 

L’appui peut aussi être matériel. Le Secours catholique envisage notamment l’achat d’ordinateurs afin de lutter contre la fracture numérique, dont découle trop souvent le non recours aux droits les plus élémentaires. Il est également partie prenante dans le dispositif « 0 chômeurs de longue durée », mis en place par les centres sociaux. Il supporte certaines initiatives comme le co-voiturage solidaire, déjà une réalité dans le Haut-Poitou, imminent à Montmorillon.

« Nous avons envie que les personnes se remettent debout », ajoute Catherine Poey, vice-présidente. Aujourd’hui, 14% de la population française vit en dessous du seuil de pauvreté. Le « plan national de lutte contre la pauvreté », présenté en septembre par le Gouvernement, a  repris certains arguments des associations caritatives, mais il pêche encore, selon Régis Gruchy, par son « manque de politique systémique » car « la lutte contre la pauvreté demande du temps, de la confiance a priori. Or aujourd’hui les pauvres sont encore suspectés de vouloir profiter des systèmes d’aides ».

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