L’âge, prétexte au vivre-ensemble

En luttant contre l’isolement lié à l’âge, le CIF-SP(*) apporte une réponse beaucoup plus globale aux maux de la société. Bénévoles comme adhérents y trouvent un prétexte à mieux vivre ensemble.

Claire Brugier

Le7.info

« Je m’étais dit que je jouerais au Scrabble, aux petits chevaux... mais avec Houa, on papote.  On ne se programme pas grand-chose et, d’une fois à l’autre, on reprend notre conversation où on l’avait laissée. »Au fil des mois, une belle complicité s’est installée entre Véronique Paul et Houa Mouhoub. Elle se lit dans les regards que la bénévole du CIF-SP* -encore en activité- et l’octogénaire échangent volontiers. Comme les sourires.  « On papote,  c’est ce que je recherche, confie la coquette vieille dame qui habite dans le quartier des Couronneries, à Poitiers, depuis trente-deux ans. Rester toute la journée entre quatre murs, ce n’est pas évident." 

Lutter contre l’isolement des personnes âgées sur ce quartier densément peuplé (10 500 habitants) et particulièrement vieillissant est l’une des quatre missions que s’est fixé le CIF-SP qui y occupe un appartement, au rez-de-chaussée d’un immeuble que rien ne distingue des autres.

Il serait toutefois très inexact de réduire l’action des bénévoles à de simples visites téléphoniques ou physiques.« Je n’avais pas d’attentes mais ces rendez-vous avec Houa me nourrissent, m’apaisent », constate Véronique Paul.  « On croyait donner et en fait on reçoit », glisse à son tour la présidente Claudine Auriault. 

« Il s’est trouvé un grand-père ! »
Pour tous les bénévoles de l’association, l’expérience revêt une dimension humaine essentielle, d’échanges intergénérationnels et interculturels. Lors de ses visites à un monsieur âgé du quartier, Saïd Mbae oublie souvent l’heure qui tourne. « Je suis parfois resté trois heures, cinq heures... J’ai exagéré ! », avoue-t-il, tout sourire et faussement repentant. « Il s’est trouvé un grand-père !», plaisante Andare Mlatame en lui donnant une tape sur l’épaule. Arrivé depuis deux ans dans l’association, ce dernier en est désormais un membre actif. S’investissant ici et ailleurs, il est la cheville ouvrière du projet « Bouche-à-oreille », qui doit favoriser le dialogue et les échanges de savoir-faire, quel que soit l’âge.

Pour ces deux jeunes hommes d’origine comorienne, le bénévolat est également un moteur d’intégration sociale et professionnelle. « D’amitié aussi », ajoute Saïd Mbae, qui sent les regards changer dans le quartier. Comme Andare et bien d’autres, il participe, parallèlement aux visites, aux formations dispensées par le CIF-SP, dans le domaine de l’aide à la personne. Qui sait ? Peut-être un premier pas vers une vie active salariée... Et assurément un troisième effet bénévolat : donner, recevoir et trouver sa voie.

(*)Centre d’information et de formation des services à la personne ; www.cif-sp.org ; 05 49 37 07 78.

Prochains rendez-vous :

-  Après midi d’échange « La vieillesse n’est pas une maladie », mercredi 28 novembre, de 15h à 17h, à l’Ehpad « Le Logis du Val de Boivre » à Vouneuil-sous-Biard. Accès libre (limité à 50 personnes).

- Café-débat « Les discriminations liées à l’âge, parlons-en ! », jeudi 13 décembre, Maison de quartier Seve, à Poitiers à partir de 14h. Inscriptions auprès du CIF-SP.

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