242 emplois à sauver chez Mecafi

La direction du sous-traitant aéronautique Mecafi a annoncé début juillet la suppression de 242 emplois dans ses trois usines châtelleraudaises, soit près de la moitié de ses effectifs. Les négociations débutent jeudi dans le cadre d’un Plan de sauvegarde de l’emploi.

Claire Brugier

Le7.info

Sur les grilles de l’usine Mecafi, rue Denis-Papin à Châtellerault, les salariés ont accroché des croix en bois, 242 précisément. La direction leur a annoncé le 8 juillet la suppression de 242 emplois, sur 499, et l’ouverture d’un Plan de sauvegarde de l’emploi. Les négociations vont débuter jeudi entre la direction du sous-traitant aéronautique et les partenaires sociaux. Selon les délais de procédure légale, les salariés seront fixés sur leur sort le 20 octobre. 

L’entreprise, passée depuis deux ans dans le giron du groupe Asquini MGP-Nexteam (1 500 salariés, 250M€ de chiffre d’affaires), produit notamment des aubes pour le moteur Leap. Ce moteur de transition développé par Safran équipe l’A320neo, le Boeing 737 Max et le Comac chinois et a contribué, ces dernières années, à la croissance exponentielle de Mecafi. 

Entre 2005 et 2016, l’entreprise a décuplé ses effectifs (de 80 à 750 salariés) et son chiffre d’affaires annuel (de 9 à environ 100M€). Mais les deux crashs meurtriers (346 morts) du Boeing 737 Max, en mars 2019, puis la crise sanitaire l’ont plongée dans une zone de turbulences inédite. « En attendant que le Boeing 737 Max ait à nouveau l’autorisation de voler(*), on s’attendait à une cadence de production réduite avec, depuis début 2020, un jour par semaine de chômage partiel », résume Stéphane Le Bihan, au nom de l’intersyndicale. Mais pourquoi le groupe envisage-t-il de délocaliser le service « petites pièces », qui représente une trentaine de salariés, vers ses usines de Roumanie et de Pologne ? Surtout, « cela fait plusieurs mois que nous avions alerté la direction sur le risque de n’avoir qu’un seul donneur d’ordre, Safran. Notre savoir-faire est reconnu, nous avons les capacités pour nous diversifier, que ce soit dans le naval, le médical... » 

« Capacité de rebond » 

Jean-Pierre Abelin en est également convaincu. « Ils ont la capacité de faire autre chose, constate le président de Grand Châtellerault, et ils ont appris à travailler ensemble. » Ils, ce sont les trois poids lourds châtel- leraudais de l’aéronautique, Mecafi, Thalès et Safran, lesquels représentent « 25% des emplois industriels du bassin châtelleraudais, rappelle l’élu. Et il ne faut pas oublier aussi toutes les PME qui gravitent autour ». Lui croit en « la capacité de rebond du bassin d’emploi châtelleraudais » et cite pour exemple récent l’adaptation dont ont fait preuve certaines entreprises face à la crise sanitaire, Plaxtil en tête (Le 7 n°491). Grand Châtellerault est donc « prêt à négocier le bail de l’hôtel d’entreprise qu’occupe Mécafi afin de limiter l’impact ». Idem pour la SEML Patrimoniale de la Vienne, détenue à 80% par le Département. Elle a construit en 2016 pour Mecafi l’usine Eolia (8 700m2), avec un bail de douze ans. « En raison de la crise, nous avons suspendu le loyer pour six mois, soit jusqu’en octobre », note Denis Brunelière. Mais l’action des collectivités s’arrête là.

Après quinze jours de vacances, l’activité a repris la semaine dernière dans les trois usines, Prisma, Idéa et Eolia, en équipes restreintes et toujours en 2x8, soit sans les équipes de nuit et de week-end. « Notre objectif, c’est le zéro licenciement », clame Stéphane Le Bihan. En vue des négociations, l’intersyndicale s’est adjoint les conseils du cabinet Secafi et de Me Malika Menard. Contactées, ni la présidence du groupe Nexteam ni la direction locale de Mecafi n’ont souhaité s’exprimer. 

(*) Le Boeing 737 Max a effectué ses vols de certifica- tion fin juin et des vols d’essai avec Transports Canada dans l’espace aérien américain la semaine dernière. 

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