Cousins malgré eux

Le nouveau film de Jan Kounen s’appuie sur un duo de contraires. Les acteurs sont parfaits, les répliques prêtent souvent à sourire mais les personnages sont forcés et le scénario désespérément improbable.

Claire Brugier

Le7.info

Pierre, à la tête de l‘entreprise familiale de boissons Pastié, s’apprête à conclure un juteux marché. Mais le destin est ainsi fait qu’il doit auparavant obtenir la signature de l’actionnaire majoritaire, son cousin Adrien. Le méprisant « l’autre dingue » dont il l’affuble dès les premières images du film augure grossièrement de la suite, une succession d’incompréhensions entre deux hommes unis par le sang, que tout oppose. 


Dans son nouveau long-métrage, Mon Cousin, Jan Kounen ne réinvente pas le genre. Des duos improbables, le cinéma français en a connu des mémorables, Bourvil et De Funès (Le Corniaud, entre autres), Pierre Richard et Gérard Depardieu (La Chèvre), Michel Blanc et Gérard Lanvin (Marche à l’ombre) ou encore Thierry Lhermitte et Jacques Villeret (Le Dîner de cons), pour ne citer qu’eux. Vincent Lindon et François Damiens auraient mérité le leur. 


Mais le scénario est trop convenu. Le réalisateur s’appuie -à raison- sur le caractère naturellement burlesque du duo Lindon-Damiens, au risque d’y noyer la crédibilité de l’intrigue. Roadmovie, plan western à la Ennio Morricone, retour en enfance à travers les images colorisées du souvenir, retour vers le futur dans des rêves impossibles et angoissants... Sous une apparence de comédie, Mon Cousin est un drôle de mélange des genres, trop excessif pour être crédible, trop expressif pour être réaliste. Même la caméra use et abuse de la ligne de fuite, plongeant sans cesse vers le fond d’un couloir, l’horizon d’un paysage, la mer. Jan Kounen laisse peu de place à l’imagination et se fait fort de faire le lien entre deux mondes irréconciliables. Il grossit le trait. Les deux cousins marchent, ils font des pas à l’opposé l’un de l’autre, l’un derrière l’autre et enfin l’un vers l’autre... sur la plage de leur enfance. The (happy) end.

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