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Selon la dernière enquête Timss publiée en décembre, les petits Français éprouvent de réelles difficultés en maths. Dans la Vienne, des « laboratoires de mathématiques » apparaissent dans les collèges et lycées pour échanger les bonnes pratiques et former les professeurs des écoles.
« Le Covid-19, c’est has been, le Ice-20 vient d’émerger de la fonte des glaces… » Un nouveau virus menace la planète, seuls les élèves du LP2I sont à même de trouver le vaccin. Et pour cela, ils vont devoir collaborer et faire des… mathématiques. Xavier Garnier et Loïc Chapellier, deux enseignants du lycée de la Technopole, se sont amusés à créer un escape game pour inciter leurs élèves à résoudre des équations, mesurer des angles et appliquer des théories apprises en classe. « Le plus important, c’est la mise en scène, après je les laisse en autonomie, explique Xavier Garnier. Chacun fait ce qu’il peut et le rôle du professeur est d’aller vers ceux qui sont le plus en retrait. » En quelques minutes, les uns coopèrent avec les autres, ils cherchent ensemble en écrivant sur les murs effaçables de la classe, ce qui fait progresser tout le monde. Le plus fort, c’est que pour réussir, le premier groupe a besoin du code du second. Pas de compétition, l’heure est à l’entraide.
Plan mathématiques
Adeptes du « co-enseignement », ces deux profs ont l’habitude d’innover ensemble. Plutôt que faire des demi-groupes, eux préfèrent souvent réunir leurs deux classes de trente élèves pour que ces derniers bénéficient de différentes explications. Avec leur collègue Nathalie Chevalarias, ils ont même créé depuis plusieurs années le Service d’aide mathématiques d’urgence (Samu). Alors quand le plan mathématiques de Cédric Villani et Charles Torossian a préconisé la mise en place de laboratoires de mathématiques, le LP2I était déjà prêt.
L’enjeu est de taille : améliorer les résultats des jeunes Français dans cette discipline incontournable. Selon l’enquête Timss publiée en décembre, les CM1 sont moins bons que tous leurs petits camarades européens. En 4e, ils sont avant-derniers… Alors ces fameux laboratoires seraient-ils la solution ultime ? Au moins, ils constituent un lieu de réflexion. « Ici, on se questionne sur les besoins des élèves, on échange sur les modalités d’enseignement, c’est mieux que de discuter entre deux portes », indique Nathalie Chevalarias. Voilà comment est né l’escape game. Sans oublier que des universitaires viennent régulièrement donner des conférences pour leurs collègues du secondaire.
Couper les cheveux en quatre
Les laboratoires de mathématiques ont aussi vocation à faciliter les liaisons entre les niveaux. En la matière, le collège de La Roche Posay est exemplaire. L’établissement accueille les enseignants de CM1 et CM2 de sept écoles alentours pour des sessions de formations. « 80% des professeurs des écoles n’ont pas de formation scientifique et ne se sentent pas tout à fait à l’aise avec les mathématiques, constate Jérôme Coillot, lui-même titulaire du Capes de maths. Ici, on propose des activités contextualisées qui s’appuient sur les grandeurs afin de donner du sens aux maths. » Découper une tarte, calculer un prix, une durée, peser ou même réaliser un tableau d’amortissement sont autant de situations qui réclament des maths. Et mesurer une distance à l’extérieur permet même d’y associer une séance de sport ! Reste un problème : pas simple de trouver des remplaçants pour les maîtres et les maîtresses partis se former. Pour l’instant, les premiers concernés utilisent surtout les temps de vacances. En attendant mieux. L’Institut de recherche sur l’enseignement des mathématiques (Irem) de Poitiers -dont font partie Jérôme Coillot et Nathalie Chevalarias- est particulièrement mobilisé sur cette question. Il soutient le déploiement des laboratoires de mathématiques. Dans la Vienne, sept lycées et six collèges ont créé de telles structures.
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