L’upcycling à portée de clic

Originaire de Poitiers, Justin Chiron co-pilote depuis la rentrée 2020 la plateforme de vente reiner-upcycling.com. Plus d’une soixantaine de créateurs de vêtements de seconde main vendent déjà leurs pièces.

Arnault Varanne

Le7.info

En allemand, « reiner » signifie « plus pur ». Reiner Pilz, c’est aussi le nom de l’ingénieur à l’origine de l’upcycling ou « recyclage ». « Et dans René, en français, il y a l’idée de renaissance, de revalorisation... », glisse Justin Chiron. Avec son comparse Benjamin Farsy, le Poitevin de 26 ans a donc profité du confinement pour peaufiner une marketplace dédiée aux créateurs de fringues recyclées. Les deux vivent à Paris. Benjamin est chef de projet intégration marketing au sein du groupe Kering, avec notamment l’objectif de placer YSL sur les marketplaces. « On s’habille tous les deux avec des vêtements achetés dans des fripes. Le côté éco-responsable nous parle déjà », abonde le titulaire d’un master globalisation et stratégie des firmes obtenu à l’université de Poitiers.

Après six mois d’existence 
reiner-upcycling.com connaît un démarrage prometteur. Une soixantaine de marques lui font confiance pour écouler jeans, sweats, t-shirts, manteaux... « Avec beaucoup de pièces uniques », ajoute Justin, par ailleurs photographe à son compte. Les « fashion addicts » apprécient la démarche, même si certains prix paraissent prohibitifs. Savent-ils seulement qu’un Français achète en moyenne 30kg de textile par an, dont moins d’un quart est recyclé ? Qu’il entasse, toujours en moyenne, l’équivalent de 115€ dans son armoire ? Et que 442M€ de vêtements sont jetés en France chaque année ?

Une loi anti-gaspillage

La marketplace fondée par Justin et Benjamin vise précisément à apporter une solution alternative. « Les créateurs refont un vêtement à plus forte valeur ajoutée ou utilisent des stocks d’invendus. Ce savoir-faire demande beaucoup plus de temps et d’expertise que de produire en quantité industrielle. » Au-delà de la Covid, qui a « accéléré la prise de conscience », un autre facteur va jouer en faveur des fondateurs de Reiner Upcycling. A partir du 1er janvier 2022, la loi anti-gaspillage interdira aux producteurs et distributeurs d’éliminer leurs invendus. Où l’on reparle de (re)valorisation sous une forme ou sous une autre. La marketplace envisage d’ailleurs de mettre en relation jeunes créateurs et marques pour imaginer des collaborations inédites.

« Progressivement, les prix seront moins élevés et nous aurons un catalogue plus équilibré, même si on voit déjà que l’effet de rareté encourage certains clients à dépenser beaucoup d’argent pour une paire de chaussures ou un jean », estime Justin. Certaines pièces vendues sur la marketplace ont d’ailleurs été portées par Gims ou Dadju. Deux ambassadeurs de prestige. Plus vertueux sur le plan environnemental, l’upcycling obéit aux mêmes règles marketing. Les influenceurs sont des relais précieux auprès des fans de mode. 

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