Une fraternité à réinventer

Le Regard de la semaine est signé Mathieu Chaveneau.

Le7.info

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Le Covid nous a renfermés sur nos vies, nos proches, nos habitudes, nos incertitudes. Les informations, l’actualité nous fatiguent : se connecter au monde est devenu anxiogène. Entre les prochaines pandémies et la dérive climatique, les lois de plus en plus strictes, notre horizon a changé. Je dois l’avouer, le bruit ambiant sur l’ordre et la sécurité me fait peur. J’ai soif de bien autre chose.

J’ai continué à construire des projets, mais en me tournant vers des gens de confiance, ma tribu. La rencontre et l’échange ont été blessés entre confinements et restrictions. Rester en contact avec nos proches a été la seule « mission extérieure » autorisée. Alors que l’émulation vient souvent de rencontres fortuites, nous avons organisé nos vies autour d’un cercle restreint. J’ai pour ma part encore cette crainte, vais-je avoir l’énergie de refaire le premier pas vers l’autre ?

Pour autant, j’en suis convaincu, l’action collective reste LA solution car, quelles que soient les épreuves, nous demeurons des êtres sociaux. C’est dans l’altérité que nous grandissons. Nous avons besoin de culture, de musique, de fête, de comprendre par nos sens ce que nos voisins ont vécus. Nous avons besoin des histoires des autres, pas du storytelling d’influenceurs ou de l’actualité décidée par la politique et les médias.

Nos entreprises ont besoin des femmes et des hommes qui les composent. En présentiel ou en télétravail, là n’est pas la question. La technologie n’a pas encore suppléé l’humain. Quel que soit son secteur d’activité, pour un chef d’entreprise, celui de ses salariés qui a souffert, qui a eu peur, celle qui a douté, saura parler aux clients et écouter ses fournisseurs avec empathie. Ça compte pour le monde d’après. L’empathie est une compétence psychosociale, donc une sorte d’intelligence collective. Ce n’est pas toujours facile mais une chose est sûre, si nous n’en avons pas la force et l’envie nous ne serons pas empathiques. L’entreprise doit avoir conscience de cette richesse humaine augmentée grâce à cette expérience de vie « sous Covid. »

Nous avons besoin des autres, de ceux que nous ne connaissons pas. Nous avons sans doute aussi envie de retourner dans les endroits que nous connaissions avant. Comme un retour aux sources pour voir si quelque chose a changé. Continuer le voyage ponctué par les imprévus, que « l’étranger » saura peut-être solutionner. A nos côtés et nous au sien.

CV express

Animateur dans l’âme, ancien directeur de centre social associatif à Paris puis La Rochelle. Dirigeant de KuriOz, ONG d’éducation à la solidarité internationale et au développement durable et militant de l’Economie sociale et solidaire. Ceinture noire et enseignant d’aïkido, musicien, membre actif du Centre des jeunes dirigeants à l’échelle locale et nationale, formateur en intelligence collective. Famille recomposée, papa de trois enfants. Aujourd’hui cofondateur et directeur exécutif de la fondation d’entreprise Libellud. Artisan de formation.

J’aime : les gens qui se battent pour leurs convictions, ceux qui résistent sur le fond et les chercheurs d’équilibre, mes repas entre amis, les rencontres improbables, les idées folles, le bon temps qui roule, les récits de voyage et la passion qui émane des enfants lorsqu’ils racontent des histoires. 

J’aime pas : la corruption, le racisme, la torture, les guerres d’ego et les visions à court terme.

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