La pop métissée d’Anna Majidson

Elevée entre Poitiers et les Etats-Unis, Anna Majidson commence à se faire un nom sur la scène pop francophone. En début d’année est sorti La Rivière, son deuxième EP dans lequel elle explore une neo soul suave et entêtante. Découverte.

Steve Henot

Le7.info

A l’autre bout du fil, quelques anglicismes viennent trahir ici et là la double culture d’Anna Majidson. Elevée entre Poitiers, où elle est née, et les Etats-Unis, le pays d’origine de son père, la jeune femme a longtemps chanté en anglais, sa « langue naturelle ». 
D’abord pour le duo Haute qui l’a révélée (à noter une première partie d’Angèle, à l’Olympia), ou encore des collaborations avec Macy Gray, Fakear ou les Châtelleraudais de Blow. Mais c’est dans la langue de Molière qu’elle souhaite désormais tracer sa voie, à l’image de La Rivière, son deuxième EP solo sorti en février dernier. A la fois un choix pragmatique et un 
« challenge » pour Anna. 


« Je voulais construire ma vie en France et, dans cette logique, je voulais faire un pas vers ce potentiel public, explique celle qui a grandi aux sons de Brassens, Gainsbourg, Trenet ou encore Salvador. Il y a aussi des subtilités dans la langue, un héritage culturel très profond, qui m’ont poussée à entrer dans l’arène. » Mais ses racines américaines restent palpables dans les sonorités de ce nouveau disque, proches du R’n’B. « Mon ambition était de mélanger la culture du texte à la française à la culture américaine du groove, avec beaucoup d’harmonies et des lignes de basse qui te font bouger la tête. »


« La musique 
est notre langage »

Les textes, qu’Anna Majdison dit écrire « comme des poèmes », 
laissent transparaître une pop introspective, intimiste. A l’image du single Natasha, point de départ de ce projet solo, qui parle du lien rompu entre deux cousines auparavant proches. « Ecrire vient toujours de mon vécu, c’est comme un journal intime. Je ne peux le concevoir autrement. » Qu’importe la langue chantée, la musique a toujours été le principal langage d’Anna, qui a grandi dans une famille de musiciens jazz. Son père était le chanteur-leader du groupe niortais John Doe. « Avec mes parents et mon petit frère, on se retrouve une fois par an pour répéter une semaine et faire un concert. La musique est notre langage commun, notre manière à nous de communiquer. » L’an dernier, ils se sont donné rendez-vous à… Montamisé. Dans le Poitou, « mes parents ont encore beaucoup de leurs potes », sourit Anna.


A 28 ans, c’est à son tour d’être bien entourée. Sur La Rivière, elle a été épaulée par Lewis OfMan, Sacha Rudy ou encore Blasé, son ex-moitié de Haute, à la production. « Ce qui me fait kiffer, c’est tout le processus de création. Et c’est tellement plus agréable de partager. » C’est ainsi qu’elle a signé un single sur la première mixtape du collectif rap-R’n’B Walk in Paris, qui sortira le 
17 juin. Anna aura aussi quelques dates cet été, notamment aux Francos de Montréal et à Rock en Seine. La suite ? L’artiste aujourd’hui installée à Paris y songe déjà, avec au moins un nouvel EP avant l’album. « J’ai hâte de partager ce sur quoi je travaille en fait. Mais j’ai surtout envie de bien le faire. » 
Wait and see.

DR - Céline Bischoff

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