Agressions « à la piqûre » : le monde de la nuit en éveil

Une injection discrète et des souvenirs de soirée qui s’évanouissent, les agressions « à la piqûre » existent même dans la Vienne. Si le phénomène est encore marginal, les acteurs poitevins de la fête réagissent sans attendre pour assurer la sécurité de leurs clients.

Le7.info

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Un témoignage, publié fin mai dans la presse locale, a révélé l’existence à Poitiers d’une pratique qui se répand : 
l’agression « à la piqûre ». Simone affirme avoir été droguée par injection quelques jours plus tôt lors d’une soirée au Confort moderne. Si la nature du produit reste indéterminée, l’action était bien malveillante. Hasard du calendrier, en début de semaine dernière, le personnel des lieux a suivi une formation prévue de longue date afin de mieux prévenir et lutter contre le harcèlement sexuel et les agressions sexistes. « Nous n’avons pas eu de contact avec la victime, fait savoir le service communication. Mais le sujet est vraiment pris très au sérieux. »

Les cas d’agressions « à la piqûre » semblent se multiplier dans toute la France. Depuis la fin mars, près de 300 plaintes ont été déposées, dont la moitié rien qu’au mois de mai, selon nos confrères de France Inter. Dans la Vienne, aucune ne l’a encore été auprès de la police indique le parquet. Ce qui n’empêche pas les professionnels de la nuit de se mobiliser. Des affiches appelant à la vigilance vont fleurir dans l’enceinte du Confort et plus de moyens humains seront déployés lors des grandes soirées. L’objectif ? Rassurer les clients pour éviter la psychose collective.

Au Fil du Son 
sur ses gardes

« Mettre du GHB dans un verre, c’est désormais plus compliqué, les clients sont plus attentifs, alors les prédateurs changent de mode d’action », constate Jérôme Lacroix, patron de plusieurs établissements nocturnes de Poitiers. Ses équipes ont reçu pour consigne de s’enquérir de la santé des fêtards isolés ou dans un état second. Et de trouver les copains qui les accompagnent. « Le groupe doit être solidaire, faire attention aux autres, même à celui qui est un peu pénible ce soir-là, pour qu’il ou elle ne soit pas repérée par les prédateurs. » Avec plus de 
20 000 festivaliers sur site fin juillet, Au Fil du Son n’entend pas ignorer le phénomène. « On est en train de voir quel protocole de fouille mettre en place avec les boîtes de sécurité (80 agents sur site, ndlr), explique Hervé Bernardeau, patron du festival civraisien. En principe, les aiguilles devraient alerter les détecteurs de métaux. » 
Rien ne sera laissé au hasard : le site sera fouillé de fond en comble, en amont du festival, et la sécurité sur le camping renforcée la nuit.

Présent à Civray comme sur de nombreux festivals, Ekinox vient de publier sur les réseaux sociaux « les bons gestes à adopter si tu es piqué(e) à ton insu en soirée ». 
Plus surprenant, le collectif, dont le but est de « réduire tous les risques en milieux festifs pour que la fête reste belle », s’adresse directement aux agresseurs. 
« On veut leur faire comprendre que la violence est l’arme des faibles », argue Florent Gaillard, coordonnateur du collectif. Le 16 juin, la « commission de la vie nocturne » pilotée par la Ville de Poitiers réunira tous les acteurs de la nuit poitevine pour faire le point sur les différents sujets de préoccupation. Et les agressions 
« à la piqûre » feront évidemment partie du débat.

Romain Mudrak - Steve Henot

DR - Archives

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