Le CHU en mode dégradé cet été

Jamais dans son histoire récente le CHU de Poitiers n’aura fermé autant de lits en période estivale : 11% de sa capacité totale d’accueil. Faute d’effectifs suffisants, l’établissement s’adapte... en espérant que la Covid-19 n’aggrave pas la situation.

Arnault Varanne

Le7.info

« L’hôpital en urgence absolue. » Le titre à la Une du 7 remonte au 31 mai dernier. Un mois plus tard, la situation des urgences en particulier et du CHU de Poitiers en général ne s’est pas améliorée. Après avoir fermé de 76 à 168 lits à l’été 2021, l’établissement en a prévu « entre 76 et 223 entre mi-juin et mi-septembre, avec une moyenne de 158 », soit 11,4% de sa capacité totale d’accueil. « Les causes sont essentiellement l’insuffisance du nombre de personnels paramédicaux », déplore Anne Costa, directrice générale du CHU, qui assure que « 20 à 25 lits peuvent être mis en place à tout moment » en cas de besoin. La situation n’est pas nouvelle mais son ampleur semble inédite. « Il manque l’équivalent de 120 postes d’infirmières, reconnaît Stéphane Michaud, coordinateur général des soins. Nous recrutons mais pas à la hauteur des besoins. »

Deux plans d’attractivité ont été lancés, en novembre 2021 pour les personnels paramédicaux et en avril pour les médecins, mais ils ne produiront pas leurs effets tout de suite. Dans l’attente de renforts, le CHU s’adapte à la situation, en particulier aux urgences, où il manque 30% de médecins. 
« L’enjeu numéro 1, c’est de sécuriser l’accueil de patients »,
 rassure le Dr Henri Delelis-Fanien, directeur médical du Smur et adjoint du Pr Mimoz. Si les fermetures à Loudun (8, 24 juillet, 5, 12, 14 et 16 août) et Montmorillon (15 juillet, 6, 13, 26, 27 août, 10 et 30 septembre) sont actées, la régulation médicale 
« renforcée » est censée « orienter » les appelants vers « le plateau technique le plus adapté ».

« Le SAS 
fonctionne bien »

Contrairement à d’autres hôpitaux, comme Pellegrin à Bordeaux, le CHU ne conditionne pas encore l’accès aux urgences générales à un appel préalable au 15. Mais le message est passé puisque les appels ont augmenté de 20% avec un taux de réponse de 95%. « Le Service d’accès aux soins (SAS) que nous avons mis en place avec les généralistes en mars 2021 fonctionne bien », 
prolonge le Dr Delelis-Fanien, lequel redoute quand même la remontée des contaminations à la Covid-19 dans un système fragile. Dans ce paysage relativement morose, la bonne nouvelle vient de Châtellerault, où l’activité autour de la cancérologie se développe. Près de 300 patients y sont suivis et le nombre de chimiothérapies administrées est passée de 
1 150 en 2019 à 1 920 en 2021. « L’arrivée de deux médecins supplémentaires en mai 2022 permet de développer l’activité actuelle pour les cancers digestifs et en hématologie et d’offrir désormais une prise en charge pour le cancer du sein », se félicite le Dr Philippe Minet, vice-président de la commission médicale d’établissement.

DR CHU Poitiers/service communication

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