Médiation : têtus comme des… humains

La médiation revient cette saison dans nos colonnes sous la plume de Séverine Hay.

Arnault Varanne

Le7.info

Entre Pierre et Jeanne, c’est « la prise de tête » ! L’entêtement trouble leurs esprits et les éloigne de toute prise de recul sur le contexte et les enjeux de leur séparation. Chacun considère que la situation qu’il subit est inéquitable, que la souffrance de l’autre n’a pas à être reconnue comme aussi légitime que la sienne. L’un dit subir une « trahison », l’autre une « domination ». En réalité, l’entêtement naît lorsque chaque personne se heurte à l’autre sans pouvoir constater que chacune s’enferme dans le fait d’être heurtée en retour. Pour s’entêter il faut en effet être deux à s’affronter. Les arguments sont vécus ici comme inacceptables, contradictoires ou accusatoires. 

L’un s’obstine à vouloir que l’autre reconnaisse en totalité ou en partie ses torts, tout en remettant en cause la forme d’acquiescement reçue (la manière de dire ou faire ne le satisfait pas). L’autre persévère à exprimer son point de vue, s’inscrit en désaccord, sans attendre autre chose que pouvoir le dire. A ce stade, la communication pourrait s’améliorer par un premier pas vers une reconnaissance exprimée tant bien que mal. Mais l’entêtement se manifeste aussi par la volonté d’obtenir un avantage ou de refuser de le perdre. C’est l’attitude d’entêtement sous toutes ses formes, nourrie par un débordement d’émotions, qui entraîne la perte de vue d’intérêts rationnels et objectifs. Pourtant, accueillir les arguments de l’autre, même ceux perçus comme contradictoires, permet de trouver un terrain d’entente. A contrario, s’entêter à dire par exemple à l’autre qu’il s'entête alimente la surenchère conflictuelle.

La réalité n'est pas un obstacle, c'est l'interprétation que nous en avons qui nous limite. Quelles que soient les raisons, le médiateur professionnel, en purgeant la dimension émotionnelle des protagonistes, permet l’ouverture d’une issue plus rationnelle. Des étapes plus ou moins douloureuses sont nécessaires jusqu’à ce qu’une nouvelle graine finisse par germer dans les esprits, avec la prise de conscience d’autres angles non visités, de regards nouveaux permettant le déblocage de la situation sans la contrainte d’avoir à se soumettre à la décision de tiers extérieurs.

contact@severinehay.fr ou 09 83 97 79 27.

À lire aussi ...