Energies : la Vienne 
sous tension

Particuliers, entreprises, collectivités... La crise énergétique actuelle n’épargne personne et appelle des réponses à la fois immédiates et de moyen terme. Où il est question de souveraineté pour la production d’électricité.

Arnault Varanne

Le7.info

Le début d’automne extrêmement doux et ensoleillé aura au moins eu le mérite d’ajourner la mise en route du chauffage... et de repousser le spectre des « coupures » de courant aux calendes grecques. Cette semaine, la météo de l’électricité Ecowatt (monecowatt.fr) affiche toujours une carte de France d’un vert plein d’espoir. Il n’y a pourtant que peu de raisons de se réjouir car la sobriété contrainte -19°C conseillés chez soi, un degré de moins dans les gymnases, les piscines- résulte autant de la nécessité de gérer la 
« pénurie » que de limiter les effets sur son porte-monnaie. 
« Nos stocks de gaz sont pleins donc la situation est plutôt rassurante, commente Renaud Francomme, directeur régional de GrDF. Les particuliers ne subiront pas de coupure et les seuls délestages éventuels ne concerneraient qu’une quinzaine d’entreprises de la Vienne, grosses consommatrices. »(*)

Au-delà des effets psychologiques d’un improbable black-out, l’heure est donc aux économies et à la transition écologique, avec la difficulté de gérer le présent et de préparer l’avenir. Si le bouclier tarifaire protège les « petits » 
consommateurs que nous sommes, la volatilité des prix du gaz heurte de plein fouet les entreprises, PME artisanales (cf. page 10), commerces (cf. page 14) et jusqu’à l’université de Poitiers (cf. page 8). Parmi la batterie de mesures imaginées par les pouvoirs publics, bouclier et autre amortisseur énergie, figure un dispositif innovant, dédié aux industriels de tous secteurs. Nom de code : 
Eco-Adapt’86. Objectif : guider les dirigeants à adapter leur stratégie énergétique. L’Etat et l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) avancent ensemble sur ce projet « unique en France ».

« L’énergie n’était 
pas un sujet »

Concrètement, l’Etat verse 
305 000€ dans un pot commun pour permettre à 61 entreprises de bénéficier d’un diagnostic, préalable à des actions plus proactives : investissement dans de nouvelles machines, désignation d’un référent sobriété, adoption éventuelle d’une nouvelle organisation du travail, formation des personnels... « A court terme, il s’agit d’un enjeu économique, à moyen terme d’un enjeu environnemental », résume le préfet Jean-Marie Girier. D’où un partenariat sur trois ans, sachant que l’industrie est responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre en France. « Jusque-là, l’énergie n’était pas un sujet pour les chefs d’entreprise parce qu’elle était bon marché. Ce n’est plus le cas et la priorité va aux économies », embraie Philippe Jehanno.

La question se pose avec d’autant plus d’acuité que, paradoxalement, « les carnets de commandes sont pleins et nous avons du mal à recruter », reconnaît le président de l’UIMM Vienne. Qui parle aussi d’un 
« changement de culture ». Au fond, l’atterrissage est assez brutal pour toutes les catégories de la population. Et ce n’est pas le dernier incident relevé à la centrale de Civaux quelques semaines avant son recouplage au réseau national qui est de nature à rassurer les habitants de la Vienne, définitivement sous tension.


(*)Après Yversay et Migné-Auxances, une troisième unité de méthanisation entrera en service début 2023 à Ingrandes-sur-Vienne. Les deux premières produisent l’équivalent de 10% du gaz consommé à Poitiers.

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