Inventaires en coulisses

Cette saison, Le 7 pose ses valises dans le bureau de personnalités locales, en quête de ce qui fonde leur méthode de travail. Quatrième épisode dans les coulisses de l’hôtel des ventes de Poitiers, avec la commissaire-priseur Bénédicte Boissinot.

Romain Mudrak

Le7.info

1. C’est comment ?
Il faut montrer patte blanche avant de pénétrer dans l’hôtel des ventes de Poitiers, puis grimper quelques marches encore pour arriver dans le bureau que Bénédicte Boissinot partage avec son associé Hervé Tailliez. Tous les deux ont repris l’étude en 2015. Mais elle connaissait déjà les lieux comme sa poche. « Avec mes parents, j’ai beaucoup fréquenté les salles des ventes et les antiquaires quand j’étais petite. Plus tard, j’ai effectué un stage ici avec Pierre Segeron qui m’a ensuite recrutée. » C’est dans ce bureau lumineux que cette Poitevine d’origine reçoit ses concitoyens désireux de faire estimer leurs biens.

2. De l’expertise à la vente
« Mon métier consiste à expertiser, inventorier, préparer et réaliser les ventes. Je peux faire l’inventaire d’un cheptel bovin le matin et d’un château l’après-midi. » Sa profession a été divisée en deux activités distinctes. D’un côté, les ventes judiciaires (liquidation, succession litigieuse, tutelle, objets laissés en prêt sur gage...). « Tant qu’on le fait avec humanité, cela se passe bien. On intervient dans des situations irrémédiables, pour stopper des hémorragies. Le nombre de saisies est plutôt faible grâce à la conciliation. » De l’autre, on trouve les ventes volontaires de biens privés, émanant de collections par exemple, avant un déménagement ou après un décès.

3. Matériel de précision
Rubis, saphir, diamant... Le Gem Tester permet d’identifier la nature d’une pierre. Des acides mesurent la pureté en carats des métaux précieux. Le commissaire-priseur utilise aussi au quotidien balance et loupe pour décrire précisément les objets vendus.

4. Les sources du savoir
La bibliothèque de Bénédicte Boissinot contient des centaines d’ouvrages spécialisés qui lui permettent d’identifier l’origine d’un bien, la période de fabrication, sa rareté.... de manière à estimer sa valeur. Le relevé des poinçons d’argent est une véritable bible pour identifier le travail des orfèvres. Si besoin, la commissaire-priseur fait aussi appel à des sapiteurs, experts incontestables dans un domaine donné.

5. Des ventes thématiques
Une cinquantaine de ventes sont organisées chaque année à Poitiers. Elles sont diffusées sur interencheres.com, ce qui permet de suivre et d’enchérir de partout dans le monde. Pour créer l’événement, Bénédicte Boissinot aime organiser des ventes thématiques, comme en février sur l’art asiatique. Le public pourra alors découvrir cette collection de netsuké, boutons de kimono japonais en ivoire, os ou corozo. Aux quatre coins du bureau, certains objets sont en cours d’expertise, d’autres attendent d’être enlevés par son propriétaire.

6. Le marteau fétiche
C’est l’instrument emblématique du commissaire-priseur : le marteau adjudicateur. Bénédicte Boissinot en possède plusieurs. Mais celui-ci lui tient particulièrement à cœur. Elle est allée le chercher dans le Gers auprès de Jacques Dubarry de Lassale, maître artisan en ébénisterie, très connu des commissaires-priseurs pour son expertise dans le mobilier ancien. Tous ses marteaux sont garantis à vie !

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