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Aymerick Gaboriau vient de décrocher un double financement franco- américain inédit pour sa thèse sur le rôle de la protéine Connexine 43 dans un type particulier de cancer du cerveau. A la clé, des « conditions de travail exceptionnelles » obtenues au culot.
En deuxième année de licence de SVT à Poitiers, Aymerick Gaboriau s’est offert un microscope pour son Noël 2018. Dans la foulée, le jeune homme, alors âgé de seulement 20 ans, est allé au culot demander à l’un de ses professeurs s’il pouvait lui confier un échantillon de tissu humain à observer. Oui, vous avez bien entendu ! « J’ai toujours été très curieux ! A partir de là, j’ai commencé à fréquenter régulièrement le laboratoire et à apprendre les rudiments de la recherche. » Aymerick a poursuivi son parcours avec un master de biologie cellulaire, génétique et pathologies. Sa spécialité ? La Connexine 43, une protéine potentiellement responsable de la capacité d’insertion des cellules tumorales dans le cerveau des patients atteints de glioblastome.
Ce cancer est extrêmement agressif. L’invasion est rapide et il n’existe aucun moyen thérapeutique. Les travaux d’Aymerick contribuent à trouver des solutions pour lutter contre cette maladie déclarée par trois mille personnes chaque année en France. Et ce n’est pas tout. « A travers le modèle du glioblastome, on étudie un mécanisme valable aussi pour d’autres types de cancer. » Sur sa lancée et bien encouragé par Marc Mesnil, le responsable du laboratoire COMeT (lire ci-dessous), l’étudiant de 24 ans envisage une thèse pour « mieux comprendre le rôle de la Connexine 43 ». « Ce que j’aime dans la science, c’est naviguer sans cesse aux frontières de la connaissance humaine. »
La prestigieuse Cleveland Clinic
Reste l’éternel problème du financement. Payer le salaire et tous les frais d’un thésard pendant trois ans représente une somme non négligeable. La Ligue contre le cancer s’engage immédiatement à apporter 50% de l’enveloppe. Pour l’autre moitié, l’incertitude perdure pendant plusieurs semaines. Jusqu’à ce congrès international en Espagne, qui a réuni en novembre 2022 des experts de la discipline. Il ne se déroule que tous les deux ans. Ses tuteurs lui proposent de présenter ses travaux. « Je les remercie encore de m’avoir fait confiance. » Au culot encore, Aymerick ajoute sa recherche de cofinancement dans son diaporama. Et ça marche ! Justin Lathia, à la fois chercheur et médecin à la prestigieuse Cleveland Clinic aux Etats-Unis, est convaincu. « La renommée internationale de mon laboratoire poitevin a pesé en ma faveur, je ne venais pas de n’importe où. » Aymerick va passer successivement dix-huit mois à Poitiers puis dans l’Ohio. Des « conditions de travail exceptionnelles » pour un doctorant. Les séances de visio vont se multiplier des deux côtés de l’Atlantique. « Nous serons en contact constant, Justin, Aymerick et moi », précise sa co-directrice de thèse Norah Defamie, maître de conférences et membre de COMeT. Reste à savoir si la France parviendra ensuite à le retenir.
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