Au bon soin 
des autres

Le secteur des services à la personne connaît des difficultés chroniques de recrutement, dont les causes sont identifiées mais les remèdes difficiles à mettre en œuvre.

Arnault Varanne

Le7.info

Aides-soignants, agents de services hospitaliers, aides à domicile, employés de maison, éducateurs spécialisés, infirmiers... Les métiers du soin en général connaissent une désaffection aussi ancienne qu’inquiétante. Ce que révèle parfaitement l’enquête Besoins en main-d’œuvre 2023 réalisée par Pôle Emploi. 
« Paradoxalement, sur ces six métiers de l’autonomie, on a vu une énorme baisse des projets de recrutement (de 2 300 en 2020 à 1 670 en 2022, ndlr) que je ne sais pas expliquer, développe David Hamelin, directeur du Centre. Beaucoup de structures ont dû renoncer... » Pour un métier comme employé de maison et personnel de ménage, la difficulté à recruter atteint presque 100% selon les recruteurs !

Structures publiques et privées sont ainsi « fragilisées » financièrement, selon David Hamelin. A cela s’ajoute la difficulté des particuliers, notamment des personnes âgées dépendantes, à bénéficier de services de qualité sans interruption. Conditions de travail, rémunération et précarité figurent sur le podium des motifs de désaffection. « La onzième profession concernée par les accidents routiers, ce sont les aides à domicile. Mais c’est la première dont le métier n’est pas lié à la conduite ! », relève David Hamelin. Hélas, les revalorisations salariales n’ont pas touché de manière égale les travailleurs de la première ligne. « N’ont été augmentés que les salariés dépendant d’associations. » C’est 15% seulement des effectifs à l’échelle nationale.

« Pas par hasard »

Fédération des ADMR, Vittaliance, O2... Structures privées et publiques doivent gérer la pénurie de personnel. Si le constat paraît sombre, tous les acteurs du secteur ne vivent pas la situation d’une manière égale. Née en 2008, Axeo Services Poitiers réussit le tour de force de fidéliser ses salariés, 30 en CDI sur des métiers du soin (aide-soignant, aide-ménagère, auxiliaire de vie) et du petit bricolage (jardinier). Comment ? « Nous avons limité notre zone d’intervention à Poitiers et quinze minutes autour », relève Anne-Pascale Muzard, fondatrice et dirigeante. Qui évoque au-delà « un minimum de 45 minutes de temps d’intervention chez les client », « un jour de repos identique toutes les semaines pour une vraie maîtrise de son emploi du temps », 
« une responsabilisation des agents », « des réunions mensuelles et beaucoup de bienveillance » pour expliquer la stabilité des effectifs. « On veut garder une entreprise à taille humaine, où les gens se côtoient et s’entraident, renchérit la dirigeante. Les gens qui postulent chez nous ne le font pas par hasard. »

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